La fuite en Égypte (Mt 2, 13-18)

La fuite en Égypte (Mt 2, 13-18)

Dans l’Évangile de Matthieu (Mt 2, 13-18), la fuite en Égypte de la Sainte Famille et le massacre des Saints Innocents révèlent une profonde réalité du mystère de l’Incarnation : Jésus-Christ, lumière du monde, s’insère dans l’histoire humaine marquée par le mal et l’injustice. Cette scène, à la fois dramatique et porteuse d’espérance, invite à une méditation sur la protection divine, le mystère de la souffrance innocente et la fidélité de Dieu à son plan de salut.

« Lève-toi, prends l’enfant et sa mère » : la vigilance de Dieu

Lorsque l’ange apparaît en songe à Joseph pour lui ordonner de fuir en Égypte, nous voyons la sollicitude divine à l’égard de son Fils. Dieu agit avec prévenance et guide la Sainte Famille vers un lieu sûr. Saint Jean Chrysostome écrit : « L’exil en Égypte manifeste la sagesse de Dieu, qui emploie des moyens ordinaires pour protéger l’extraordinaire. »

Dans le contexte de Noël, ce passage rappelle que la joie de la Nativité n’efface pas les épreuves de la vie. Pourtant, à travers Joseph, modèle d’obéissance et de foi, Dieu révèle son plan protecteur. La fuite en Égypte nous enseigne que, même dans l’adversité, Dieu veille sur ses enfants et leur ouvre un chemin d’espérance.

Le cri des Innocents : un écho du mystère de la croix

Le massacre des enfants innocents ordonné par Hérode est l’un des épisodes les plus sombres de l’Évangile. Ces martyrs involontaires, qui donnent leur vie pour le Christ avant même de le connaître, sont une préfiguration de la croix. Comme le souligne Benoît XVI dans L’enfance de Jésus, « les Innocents massacrés deviennent les prémices de tous ceux qui, par amour du Christ, porteront leur croix dans le monde. »

Cette fête, célébrée dans le temps de Noël, met en lumière une réalité essentielle de l’Incarnation : Jésus est venu dans un monde marqué par le péché, et sa mission commence dans un contexte de violence. Pourtant, la souffrance des Saints Innocents n’est pas vaine. Elle s’inscrit dans le grand mystère rédempteur où, comme le dit saint Paul, « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20).

L’Égypte : symbole de l’exil et de la rédemption

L’exil en Égypte de la Sainte Famille revêt une signification théologique profonde. L’Égypte, terre d’oppression pour les Hébreux, devient ici un refuge. Saint Irénée de Lyon souligne cette inversion : « Celui qui avait autrefois appelé son peuple hors d’Égypte appelle maintenant son Fils dans ce même pays pour accomplir le salut. »

Dans le temps liturgique de Noël, cette image nous rappelle que Dieu transforme les lieux de souffrance en lieux de rédemption. Tout comme l’Égypte devient un abri pour l’Enfant Jésus, nos propres épreuves peuvent devenir des chemins de grâce lorsque nous les vivons dans la foi. La fuite en Égypte nous invite à voir dans chaque exil, physique ou spirituel, une opportunité de rencontrer Dieu et de grandir dans sa lumière.

« Une grande lamentation » : la consolation dans la douleur

Le passage de Matthieu cite Jérémie : « Une voix dans Rama s’est fait entendre, Rachel pleure ses enfants » (Mt 2, 18). Cette lamentation exprime la douleur universelle des parents confrontés à la perte de leurs enfants, mais elle porte également une promesse de consolation. Dans le contexte biblique, Rachel est associée à la rédemption d’Israël. Sa plainte, bien qu’amère, annonce l’espérance d’une restauration.

Le massacre des Saints Innocents résonne encore aujourd’hui dans les cris des innocents persécutés à travers le monde. Pourtant, l’Église, dans sa sagesse, célèbre ces martyrs non seulement comme des victimes, mais comme des témoins de la victoire du Christ sur le mal. Leur mémoire nous rappelle que, même dans la douleur la plus intense, Dieu est présent pour essuyer nos larmes et nous offrir la consolation.

Conclusion : la lumière dans l’ombre

La fuite en Égypte et le massacre des Saints Innocents, bien qu’intimement liés à l’Incarnation, nous invitent à dépasser la simple contemplation de la Nativité pour entrer dans le mystère de la rédemption. En ce temps de Noël, cette méditation sur Mt 2, 13-18 nous encourage à reconnaître la lumière de Dieu qui brille dans les ténèbres, à confier nos vies à sa protection et à participer, à travers nos propres épreuves, à son œuvre de salut. Que ces paroles de l’Évangile éclairent nos cœurs et renforcent notre foi en la fidélité de Dieu.


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