Le passage de Hébreux 1, 1-6 est un prologue sublime qui nous introduit à la grande révélation de Dieu à travers son Fils Jésus-Christ. Ce texte, d’une grande richesse théologique, situe la naissance de Jésus dans le cadre d’une œuvre divine bien plus vaste : celle du salut du monde. En cette période de Noël, la lecture de ce passage nous invite à contempler non seulement l’humilité de la crèche, mais aussi la gloire céleste du Christ, le Verbe fait chair, envoyé par le Père pour sauver l’humanité. C’est à travers cette lumière que Noël nous fait découvrir l’importance du Christ dans le plan divin du salut.
1. Le Fils, la Parole de Dieu révélée
« Après avoir, autrefois, parlé à nos pères, à maintes reprises et de diverses manières, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils » (He 1, 1). Ce verset fondateur nous rappelle que Dieu, depuis les temps anciens, a toujours cherché à se communiquer à l’humanité à travers des prophètes, des signes et des symboles. Cependant, dans l’accomplissement des temps, Dieu se révèle pleinement en la personne de Jésus-Christ. Jésus n’est pas simplement un messager de Dieu, mais la Parole même de Dieu, « le Verbe fait chair » (Jn 1, 14), qui dévoile la profondeur de l’amour divin et offre une relation directe avec le Père.
Dans son ouvrage La théologie du Christ, le cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI) souligne que « le Christ est l’expression parfaite de la Parole de Dieu, car il porte en lui la pleine manifestation de Dieu. » Noël devient alors l’instant où l’invisible se fait visible et où Dieu se fait proche, se faisant homme pour nous faire connaître sa volonté de réconciliation. Ce mystère nous invite à une écoute attentive, car dans la naissance de l’Enfant de Bethléem, Dieu s’adresse directement à chaque cœur humain, offrant un salut universel.
2. Le Christ, héritier de toutes choses
« Le Fils, qu’il a constitué héritier de toutes choses » (He 1, 2). Dans ce passage, l’auteur des Hébreux nous révèle que Jésus n’est pas simplement l’instrument par lequel Dieu crée l’univers, mais qu’il est l’héritier de tout ce qui existe. Ce verset met en lumière la prééminence du Christ, qui, par sa nature divine, détient toute autorité sur la création. La crèche n’est pas seulement le lieu de la naissance du Sauveur, mais aussi le moment où le Christ, dans son humanité, entre dans le monde qu’il a créé.
Les Pères de l’Église, comme saint Irénée de Lyon, ont insisté sur le fait que Jésus, en tant que Fils de Dieu, est aussi pleinement homme et pleinement Dieu. Le mystère de Noël, à travers l’incarnation, nous révèle que le Christ est celui par qui le monde a été créé et celui qui, dans sa mission de rédemption, restaurera ce monde, en devenant l’héritier de la nouvelle création.
3. Le Christ, reflet de la gloire de Dieu
« Il est le reflet de sa gloire et l’expression de sa substance » (He 1, 3). Ce verset exprime la relation intime entre le Père et le Fils, une relation de communion parfaite. Jésus est l’image même de Dieu, son reflet parfait. Dans sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus nous dévoile ce qu’est véritablement Dieu : un Dieu d’amour, de miséricorde et de vérité. Noël devient ainsi un moment privilégié pour contempler cette gloire divine, qui se manifeste dans la fragilité d’un Enfant né dans une crèche. La grandeur de Dieu se révèle par son humilité.
Dans son Catéchisme de l’Église catholique (n° 470), l’Église enseigne que « le Fils est la splendeur de la gloire du Père » et que dans l’incarnation, Dieu se rend présent de manière unique et définitive dans le monde. Cette vérité est d’autant plus frappante en ce temps de Noël, où nous célébrons l’insondable mystère de Dieu se faisant homme pour nous sauver.
4. Le Christ, purificateur des péchés et souverain éternel
« Après avoir effectué la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la Majesté divine » (He 1, 3). Ce verset nous fait passer du mystère de l’incarnation au mystère pascal du Christ crucifié et ressuscité. La mission du Christ ne se limite pas à sa naissance, mais se poursuit dans sa passion et sa résurrection, qui sont le véritable moyen de purification des péchés. Par son sacrifice sur la croix, Jésus rend possible la réconciliation de l’humanité avec Dieu.
Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme théologique, nous enseigne que « la rédemption accomplie par le Christ ne concerne pas seulement l’effacement des péchés, mais la restauration totale de l’humanité. » En Noël, nous sommes invités à comprendre que la venue de Jésus dans ce monde est un acte d’amour qui nous permet de participer à sa gloire et à son royaume éternel. L’Incarnation ne serait rien sans le Mystère pascal, où le Christ, purificateur des péchés, s’élève à la droite de Dieu.
Conclusion : Noël, la révélation complète de Dieu
Le passage de Hébreux 1, 1-6 est un éclairage magnifique sur le mystère de Noël. Il nous rappelle que la naissance de Jésus est l’ultime révélation de Dieu à l’humanité. Dans le Christ, Dieu nous parle définitivement, il nous offre son salut et son amour. Noël n’est donc pas simplement un événement historique, mais un mystère vivant qui continue à se déployer dans nos vies. La crèche devient alors le lieu où nous contemplons la gloire de Dieu manifestée dans l’humilité, l’amour et le sacrifice du Christ.
En cette nuit sainte, en accueillant le Christ dans nos cœurs, nous sommes invités à participer pleinement à ce mystère d’amour et à annoncer au monde la joie de l’Incarnation. Que Noël soit pour nous un rappel constant que Dieu, par son Fils, se fait proche et nous ouvre les portes de son royaume éternel.
