La grandeur de Jean-Baptiste (Mt 11, 11-15)

La grandeur de Jean-Baptiste (Mt 11, 11-15)

L’Avent, cette période liturgique marquée par l’attente joyeuse de la venue du Christ, est également un temps de préparation intérieure. Dans l’Évangile de Matthieu, nous trouvons un passage particulièrement éclairant, Mt 11, 11-15, qui nous invite à méditer sur la grandeur de Jean-Baptiste et sur l’appel à la conversion qu’il nous lance, en nous préparant à l’accueil du Sauveur. Ce texte, qui s’inscrit dans l’attente du Messie, met en lumière la mission de Jean-Baptiste et invite chacun de nous à une transformation spirituelle radicale.

1. Jean-Baptiste, un modèle de foi et de dérision (Mt 11, 11)

Dans l’Évangile selon Matthieu, Jésus déclare : « En vérité, je vous le dis : parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en est pas apparu de plus grand que Jean-Baptiste ». Cette déclaration forte du Christ souligne la place unique que Jean-Baptiste occupe dans l’histoire de la rédemption. Il est celui qui prépare le chemin du Seigneur, celui qui annonce la venue du Messie. Cependant, sa grandeur ne réside pas dans la reconnaissance populaire ou dans la puissance terrestre, mais dans son rôle d’humilité et de service envers la mission divine.

Jean-Baptiste vit dans le désert, loin des honneurs et des possessions matérielles. Il s’y consacre entièrement à la prière, à la pénitence et à la proclamation du Royaume de Dieu. Sa vie est une réponse radicale à l’appel de Dieu et un modèle de conversion pour nous. Comme l’a écrit le théologien Henri de Lubac, « Jean-Baptiste incarne l’idéal chrétien de la dévotion totale et de la fidélité à la parole de Dieu, au-delà des simples désirs humains ».

Dans ce passage de Matthieu, Jean est reconnu par Jésus comme le plus grand des prophètes, mais paradoxalement, il ne trouve pas la reconnaissance immédiate auprès du peuple. Le Christ souligne que « le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui » (Mt 11, 11). Ce contraste nous invite à réfléchir sur ce qui constitue la véritable grandeur chrétienne : la fidélité à Dieu, la réceptivité à sa parole, et la capacité de se dépouiller des choses de ce monde pour mieux servir le Royaume des Cieux.

2. Le Royaume de Dieu : Une promesse de transformation (Mt 11, 12)

Jésus poursuit dans le verset 12 : « Depuis le temps de Jean-Baptiste, le Royaume des cieux souffre violence, et ce sont les violents qui s’en emparent ». Cette déclaration soulève des questions profondes sur la nature du Royaume des Cieux et sur la manière dont il se manifeste dans le monde. La « violence » dont parle Jésus ne se réfère pas à la force physique, mais plutôt à l’ardeur spirituelle et à l’intensité de la lutte pour vivre selon les exigences du Royaume.

Le Royaume de Dieu, que Jean-Baptiste annonce, est une promesse de transformation radicale de l’humanité. Jésus met en lumière la nécessité d’une approche vigoureuse et déterminée pour recevoir ce Royaume. Cette « violence » fait référence à l’effort pour surmonter les obstacles spirituels, les tentations et les entraves qui empêchent d’entrer dans le royaume de Dieu. Comme le soulignait le Pape Benoît XVI, « Le Royaume de Dieu ne s’impose pas par la force extérieure, mais par un appel intérieur à la conversion et à l’ouverture totale à la volonté divine ». En ce sens, l’Avent devient un temps propice pour se consacrer à cette lutte spirituelle.

Le Royaume de Dieu n’est pas un endroit lointain ou futur, mais une réalité qui commence ici et maintenant. Il s’agit d’un Royaume où la paix, la justice et l’amour de Dieu règnent. C’est à travers notre conversion personnelle et communautaire que nous y accédons.

3. Jean-Baptiste et l’appel à la conversion (Mt 11, 13-14)

Dans les versets 13 et 14, Jésus déclare : « Tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean. Et, si vous voulez bien le comprendre, il est lui-même Elie qui doit venir ». En évoquant Jean-Baptiste comme l’Elie annoncé, Jésus établit un lien entre l’ancien et le nouveau testament, entre la promesse de l’Ancien Testament et la réalisation du Salut dans le Nouveau Testament. Jean-Baptiste, dans sa mission de préparation, est la figure qui précède la venue du Messie et, par conséquent, il incarne la continuité de la promesse de Dieu faite au peuple d’Israël.

Ce lien entre les prophètes de l’Ancien Testament et Jean-Baptiste souligne l’importance de la conversion spirituelle en tant qu’étape préparatoire à l’avènement du Christ. Jean appelle chacun à un changement radical de cœur, une transformation intérieure qui est nécessaire pour accueillir la nouveauté du salut apporté par Jésus. Comme le Pape François l’a écrit dans La joie de l’Évangile, « La conversion est un retournement de la vie, un passage d’un état de péché et de rébellion à un état de grâce et de fraternité » (EG, n° 7).

Dans le contexte de l’Avent, cet appel à la conversion est plus que jamais d’actualité. Il s’agit de se préparer intérieurement, de reconnaître nos faiblesses et de nous tourner vers Dieu dans un esprit de pénitence et de réconciliation. La conversion ne se fait pas en un instant, mais c’est un chemin que l’on trace avec persévérance et foi.

4. L’annonce du Christ et la joie de l’Avent (Mt 11, 15)

Le dernier verset de ce passage de Matthieu (Mt 11, 15) nous invite à écouter et à comprendre ce message : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ». L’Avent est donc un temps de préparation et de purification, mais aussi un temps de réjouissance, car il annonce la venue de celui qui apportera la réconciliation définitive et la paix.

Jésus, en se présentant comme le Messie attendu, invite les croyants à ouvrir leur cœur pour accueillir la promesse du Salut. Dans ce sens, Jean-Baptiste, par sa prédication et sa vie, nous a montré le chemin de la repentance et de la réconciliation, afin que, à travers lui, nous puissions mieux accueillir la lumière du Christ, source de toute joie et de tout espérance.

Conclusion

Le passage de Matthieu 11, 11-15, nous révèle la grandeur de Jean-Baptiste dans son rôle de précurseur du Messie et dans sa capacité à annoncer le Royaume de Dieu avec force et détermination. En ce temps de l’Avent, ce texte nous appelle à une profonde conversion intérieure et à un engagement renouvelé dans notre foi. Jean-Baptiste nous montre le chemin de l’humilité, de la pénitence et de l’espérance, dans l’attente joyeuse de l’avènement du Christ. La violence dont parle Jésus n’est pas un appel à la confrontation, mais à une intensité spirituelle, à un effort pour accueillir pleinement le Royaume de Dieu, qui se manifeste déjà en nous et parmi nous. Que cet Avent soit pour chacun de nous une occasion de répondre à cet appel avec foi, espérance et charité.

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