Introduction
Dans l’Évangile de Matthieu (Mt 15, 29-37), nous assistons à un moment de compassion profonde de la part de Jésus envers une foule affamée et malade. Cet épisode se déroule dans un contexte où Jésus, après avoir enseigné et guéri, nourrit miraculeusement quatre mille personnes. Cette scène est riche en significations et trouve une grande résonance dans le temps de l’Avent, période d’attente et de préparation à la venue du Christ. Ce texte nous invite à méditer sur la générosité infinie de Dieu et à reconnaître, dans les gestes de Jésus, l’accomplissement des promesses messianiques.
Jésus, un Seigneur qui voit et entend la souffrance humaine
Dans le passage de Mt 15, 29-31, Jésus se rend dans la région de la mer de Galilée, où il guérit de nombreuses personnes. « Ils lui apportèrent des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et beaucoup d’autres malades ; ils les jetèrent à ses pieds, et il les guérit » (Mt 15, 30). Ce geste de guérison n’est pas simplement un acte de charité ; il manifeste la venue du Royaume de Dieu. Le Christ se fait proche de ceux qui souffrent et leur offre une guérison totale. À travers ces guérisons, Jésus accomplissait ce que les prophètes avaient annoncé : un Messie compatissant et miséricordieux, qui prend en charge la souffrance humaine.
Le théologien Henri Nouwen commente ces gestes en affirmant que Jésus ne se contente pas de guérir les corps, mais qu’il libère les individus de la solitude et de l’isolement. Pour Nouwen, ces guérisons sont un acte de communion, une invitation à entrer dans l’amour divin qui ne se dérobe jamais à la souffrance humaine. Jésus, dans ce contexte, incarne l’espérance messianique de guérison et de réconciliation. Le texte nous appelle à identifier dans ces guérisons l’amour qui se manifeste dans chaque geste de Dieu, une invitation à accueillir Jésus non seulement comme un guérisseur, mais comme un Sauveur spirituel.
La multiplication des pains : un acte de générosité divine
Le verset Mt 15, 32-37 raconte la multiplication des pains et des poissons, un miracle de générosité divine qui précède la distribution de la nourriture. « Jésus dit à ses disciples : ‘J’ai compassion de cette foule… Ils n’ont plus rien à manger. Si je les renvoie chez eux, ils défailliront en chemin’ » (Mt 15, 32). Par ce miracle, Jésus ne se contente pas de nourrir la foule physique, mais il révèle également l’abondance du Royaume de Dieu, qui dépasse les attentes humaines. Ce miracle préfigure la « cène eucharistique », où le pain de la vie, Jésus, est donné à tous pour nourrir les âmes.
Dans l’Avent, ce geste de partage prend une signification particulière : l’attente de l’Incarnation de Dieu en Jésus-Christ, qui, lui-même, se donnera à l’humanité. Jean-Paul II, dans son Encyclique Ecclesia de Eucharistia, souligne que la multiplication des pains est un préfiguratif de l’Eucharistie, où Jésus se fait « pain vivant » pour l’humanité. La leçon pour les croyants pendant l’Avent est claire : dans l’attente du Christ, nous sommes appelés à nous préparer à recevoir la nourriture spirituelle que Dieu nous offre, et à être des instruments de sa générosité envers les autres.
L’enseignement de la patience et de la foi
Dans cette scène, la patience et la foi des disciples sont mises à l’épreuve. Jésus, conscient de la faim de la foule, décide de multiplier les ressources limitées à sa disposition. Ce geste nous appelle à ne pas être submergés par l’impossibilité de la situation, mais à faire confiance à la générosité infinie de Dieu. La foi en la bonté de Dieu, même dans des moments de grande difficulté, est un thème central de l’Avent. C’est une période où les croyants se rappellent que l’attente peut être longue, mais que Dieu accomplit toujours ses promesses, au moment opportun.
Le Cardinal Robert Sarah, dans son livre La Force du silence, nous rappelle que la patience chrétienne ne réside pas seulement dans l’attente, mais dans la confiance totale en Dieu, qui sait ce qu’il faut donner à ses enfants. « Il faut attendre, car Dieu, dans son silence, agit pour nous, souvent au-delà de ce que nous imaginons », écrit-il. Ce message résonne particulièrement pendant l’Avent, où l’Église nous invite à préparer nos cœurs à accueillir le Christ avec une foi renouvelée, convaincus que Dieu pourvoit à tous nos besoins, même dans l’ombre de l’incertitude.
Conclusion : L’espérance et la solidarité pendant l’Avent
La scène de la multiplication des pains et des guérisons est un message d’espérance qui trouve son écho dans le temps liturgique de l’Avent. C’est un appel à reconnaître la présence du Christ, qui voit et entend la souffrance humaine, mais aussi à comprendre que, par son Incarnation, Dieu nous offre une abondance de grâce. Les gestes de Jésus dans ce passage montrent une solidarité radicale envers les plus démunis, un enseignement que les chrétiens sont invités à méditer et à vivre. L’Avent n’est pas seulement un temps d’attente passive ; c’est un moment pour incarner la charité et la générosité de Dieu, et pour faire l’expérience de sa sollicitude divine qui nourrit et guérit.
À travers ce texte de Matthieu, l’Église nous appelle à préparer nos cœurs à recevoir le Christ avec une foi active, comme le messie qui guérit, nourrit et transforme. Que cette période de l’Avent soit pour nous une occasion de découvrir, dans l’attente du Sauveur, une nouvelle manière de vivre la générosité et la foi, à l’image de Jésus.