Le témoignage dans la persécution (Lc 21, 12-19)

Le témoignage dans la persécution (Lc 21, 12-19)

L’Évangile selon saint Luc est souvent appelé l’Évangile de la miséricorde, car il met en lumière le souci de Dieu pour les petits, les exclus et les pécheurs. Chapitre après chapitre, Luc dévoile un Jésus proche des hommes, les appelant à la conversion et à une relation profonde avec le Père. Le chapitre 21, en particulier, fait partie du discours eschatologique où Jésus prépare ses disciples à affronter les événements à venir, notamment les persécutions et la destruction de Jérusalem, tout en les invitant à la vigilance et à la persévérance dans la foi. Les versets 12 à 19 abordent la question de la persécution comme une opportunité de témoignage. Ce passage, empreint de réalisme mais aussi d’espérance, résonne encore aujourd’hui dans la vie des chrétiens confrontés aux défis de leur époque.

1. La persécution : un chemin inévitable pour les disciples

« Mais, avant tout cela, on mettra la main sur vous et l’on vous persécutera. » (Lc 21, 12)

Dans ces paroles, Jésus avertit ses disciples que suivre son chemin ne sera pas sans conséquences. Les premières communautés chrétiennes, notamment celles à qui s’adresse Luc, vivaient déjà dans un climat de tension face aux autorités juives et romaines. Jésus parle sans détour : être son disciple implique d’accepter des souffrances pour le Royaume. Saint Jean Chrysostome commente : « Dieu ne permet pas les épreuves pour nous anéantir, mais pour que nous soyons purifiés et devenions des témoins vivants de sa gloire. »

Les épreuves évoquées – arrestations, emprisonnements, comparutions devant les autorités – rappellent que le témoignage chrétien ne peut être dissocié du risque. Ces moments ne doivent cependant pas être perçus comme des punitions, mais comme des occasions données par Dieu de manifester sa présence au cœur des adversités.

2. La parole inspirée : un don pour le témoignage

« Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. » (Lc 21, 14)

Jésus promet à ses disciples une assistance divine dans les moments critiques. Leur témoignage ne dépendra pas de leur éloquence ou de leur préparation, mais de l’Esprit Saint. Cette promesse souligne la gratuité du salut et l’action souveraine de Dieu dans la mission de l’Église. Comme le dit saint Augustin : « Ce n’est pas à nous d’enseigner la vérité, mais à l’Esprit Saint de parler par notre bouche. »

L’histoire de l’Église regorge d’exemples de saints et de martyrs qui, face à leurs persécuteurs, ont répondu avec sagesse et courage. Pensons à saint Étienne (Ac 7) dont les paroles inspirées, pleines de foi et de douceur, ont marqué ses bourreaux. Ce verset nous rappelle que, même dans l’adversité, Dieu ne nous abandonne pas, mais se manifeste à travers notre faiblesse.

3. La division familiale : le prix du Royaume

« Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, vos proches et vos amis. » (Lc 21, 16)

L’une des prophéties les plus douloureuses de ce passage concerne la trahison au sein même des familles. Cet avertissement révèle une vérité fondamentale : le Royaume de Dieu ne fait pas toujours l’unanimité. Ceux qui choisissent de suivre Jésus s’exposent à l’incompréhension, parfois même au rejet de leurs proches.

Origène commente : « La foi en Christ est une lumière qui divise, car elle expose les ténèbres. Cette division n’est pas voulue par Dieu, mais elle est la conséquence de l’incompatibilité entre le monde et l’Évangile. » Ce verset nous invite à nous interroger : sommes-nous prêts à préférer le Christ, même lorsque nos choix entraînent des sacrifices affectifs ?

4. La persévérance : clé du salut

« Par votre persévérance, vous obtiendrez la vie. » (Lc 21, 19)

La conclusion de ce passage donne une note d’espérance. La persévérance – ou endurance – est présentée comme la clé du salut. Elle ne se limite pas à une simple résignation face aux épreuves, mais exprime une confiance active en Dieu. Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, explique : « La tribulation produit la persévérance ; la persévérance, une vertu éprouvée ; la vertu éprouvée, l’espérance. » (Rm 5, 3-4)

L’Église, au fil des siècles, a toujours exhorté ses fidèles à tenir ferme dans la foi, même dans les moments de doute ou de découragement. Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que « la vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placé par Dieu dans le cœur de l’homme. Elle soutient dans les moments d’abattement. » (CEC 1818)

Conclusion : Un appel à la fidélité dans l’espérance

Lc 21, 12-19 est un passage exigeant qui invite les chrétiens à embrasser leur vocation de témoins, même dans les circonstances les plus difficiles. Il nous rappelle que le chemin du disciple passe par la croix, mais qu’il débouche sur la vie éternelle. En ces temps où les chrétiens sont encore persécutés dans de nombreuses régions du monde, ces paroles de Jésus trouvent une résonance particulière.

En fin de compte, ce passage est un appel à la confiance : Dieu est fidèle, et rien ne peut séparer ses disciples de son amour. Comme le dit saint Paul : « Ni la mort, ni la vie, ni les puissances, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. » (Rm 8, 38-39) Que cette certitude nous inspire à être des témoins courageux et joyeux du Christ, dans la persécution comme dans la paix.


Pour aller plus loin dans la recherche

Vous pouvez lire à profit cette méditation : La persévérance

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