L’appel à la vocation des premiers disciples (Mt 4, 18-22)

L’appel à la vocation des premiers disciples (Mt 4, 18-22)

Le passage de Matthieu 4, 18-22 est un moment clé dans le ministère de Jésus, marqué par l’appel des premiers disciples à suivre le Christ. Cette scène, où Jésus invite Simon Pierre, son frère André, Jacques et Jean à le suivre et devenir « pêcheurs d’hommes », nous dévoile plusieurs aspects fondamentaux de la vocation chrétienne. Cet article propose d’explorer le sens profond de cet appel et de réfléchir à son actualité dans la vie des croyants aujourd’hui.

1. Le contexte de l’appel des disciples

Le passage se situe après les tentations de Jésus dans le désert (Mt 4, 1-11) et commence à marquer le début de son ministère public en Galilée. Le texte nous présente les premiers gestes du Christ dans l’évangélisation, où il se déplace le long du lac de Galilée. Là, il rencontre deux couples de pêcheurs : Pierre et André, puis Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Le texte ne se contente pas de relater un simple appel, mais il est aussi une introduction à la mission de Jésus et à celle qu’il confiera ensuite à ses apôtres.

Un aspect essentiel de ce passage est que Jésus ne se limite pas à enseigner, mais il choisit des hommes pour l’accompagner dans sa mission. Comme l’explique le théologien Henri de Lubac : « Jésus appelle non pas des savants, ni des grands de ce monde, mais des simples pêcheurs pour que la grâce brille dans leur faiblesse » (Henri de Lubac, Méditations sur l’Évangile de saint Matthieu). Ce choix des simples et des humbles est l’un des traits caractéristiques du Christ.

2. L’appel à suivre Jésus : une rupture radicale

Lorsque Jésus appelle Pierre et André, Jacques et Jean, il leur demande une rupture totale avec leur ancienne vie. Le texte de Matthieu est clair : « Ils laissèrent leurs filets et le suivirent » (Mt 4, 20). Ce geste symbolise la renonciation à une vie ordinaire et sécurisée pour s’engager dans une aventure radicale, qui consiste à être au service du Royaume de Dieu.

Le Pape François dans son exhortation Evangelii Gaudium rappelle que la vocation chrétienne demande une réponse immédiate et sans retour : « Suivre Jésus est un choix radical qui implique une rupture avec tout ce qui s’oppose à l’amour du Christ » (Evangelii Gaudium, n. 25). Cette rupture n’est pas une fuite de la réalité, mais un engagement à une nouvelle mission, qui donne un sens profond à la vie des disciples.

Les pêcheurs sont appelés à « devenir pêcheurs d’hommes ». Ils ne sont plus destinés à une simple tâche professionnelle mais à une mission divine qui aura des implications infinies. Comme le souligne le théologien Jérôme Hamer : « Les disciples, au départ simples pêcheurs, sont appelés à être des témoins du Christ et des instruments de son salut » (Jérôme Hamer, Le sens de la vocation chrétienne).

3. L’initiative de Jésus : un appel gratuit et inconditionnel

Un point essentiel de ce passage est l’initiative de Jésus. Ce n’est pas les disciples qui viennent vers lui, mais Jésus qui les appelle. Il choisit qui il veut, indépendamment de leur statut social ou de leur passé. Cette initiative est une caractéristique essentielle de la vocation chrétienne, car elle rappelle que la grâce de Dieu est donnée gratuitement, sans condition préalable.

Comme l’explique le théologien et exégète Jean-Pierre Oger : « Jésus appelle à suivre sa voix et à entrer dans son aventure de salut, mais il le fait sans condition, sans chercher à faire de la sélection » (Jean-Pierre Oger, La grâce et la vocation chrétienne). Ce choix divin repose sur l’amour inconditionnel de Dieu, qui appelle chaque être humain à entrer dans une relation personnelle avec Lui.

Cela nous invite à considérer notre propre appel chrétien : tout comme Pierre et André, Jacques et Jean, nous sommes tous appelés par Dieu, même si nous ne nous y attendions pas, même si nous nous sentons peu dignes ou prêts à répondre. L’appel de Jésus est une invitation à découvrir notre propre vocation dans l’Église et à participer activement à la mission du Christ dans le monde.

4. La vocation chrétienne aujourd’hui : un appel à l’engagement

Le texte de Matthieu, loin d’être un simple récit historique, nous interpelle sur la nature de notre propre vocation chrétienne. À travers l’appel des premiers disciples, Jésus invite chacun à se consacrer à sa mission, à devenir, à son tour, un « pêcheur d’hommes ». Aujourd’hui, cet appel peut prendre différentes formes : le mariage, la vie consacrée, le sacerdoce, mais aussi l’engagement laïc dans le monde.

Le cardinal Jean-Marie Lustiger a écrit à ce sujet : « La vocation chrétienne est un appel à vivre dans le monde, mais en étant totalement immergé dans le Christ et son Évangile. » (Le sacrement de l’appel, 1999). Chacun, par son baptême, reçoit cet appel à témoigner de l’amour de Dieu et à devenir un instrument de sa mission. Que ce soit dans la famille, le travail, ou la vie de l’Église, l’engagement chrétien consiste à vivre pour les autres, en suivant le Christ et en annonçant la bonne nouvelle.

Conclusion

Le passage de Matthieu 4, 18-22 est plus qu’un simple appel à suivre Jésus. Il est le fondement de la vocation chrétienne, un appel radical, gratuit et inconditionnel, à devenir des instruments de la mission divine. Ce texte nous invite à méditer sur notre propre appel et à nous engager pleinement dans la vie chrétienne, à la suite du Christ, dans un monde qui a besoin de témoins de l’espérance et de l’amour de Dieu.


Pour aller plus loin dans la recherche…

Vous pouvez lire à profit cette méditation : « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent »

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