L’Évangile selon saint Luc est un témoignage profondément enraciné dans l’histoire du salut, conçu pour révéler Jésus comme le Sauveur universel. Ce récit, adressé à un public mixte de Juifs et de païens, explore l’œuvre de Dieu à travers le ministère de Jésus et l’action de l’Esprit dans l’Église naissante. Au chapitre 21, Luc nous transporte dans un discours eschatologique de Jésus, où il annonce les événements terrifiants précédant la fin des temps. Ces paroles, prononcées dans le Temple, ne sont pas uniquement des prédictions : elles appellent aussi à une foi inébranlable. L’extrait Lc 21, 5-11 aborde des thèmes fondamentaux comme la destruction du Temple, les signes dans le monde, et l’attitude du croyant face à ces épreuves.
1. La destruction du Temple : Un bouleversement symbolique
« Comme quelques-uns parlaient du Temple, des belles pierres et des offrandes qui le décoraient, Jésus dit : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » » (Lc 21, 5-6).
Ces mots de Jésus choquent ses auditeurs. Le Temple, joyau architectural et centre spirituel d’Israël, symbolisait pour eux la présence de Dieu et la stabilité. Pourtant, Jésus annonce sa destruction, un événement qui s’est historiquement réalisé en l’an 70, avec la destruction de Jérusalem par les Romains.
Pour saint Augustin, cette prophétie dépasse la simple destruction physique : « Le Temple est aussi une image de l’âme humaine ; sa ruine désigne la chute de l’homme qui rejette Dieu ». Ainsi, Jésus rappelle que les institutions humaines, même les plus sacrées, ne sont pas éternelles. Ce qui compte, c’est d’être ancré dans une foi vivante et non dans des structures matérielles.
Ce message rejoint le cœur de l’Évangile : l’invitation à se détourner des sécurités terrestres pour mettre sa confiance en Dieu seul.
2. Les signes des temps : Un appel à discerner
« Ils l’interrogèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » » (Lc 21, 7).
Face à cette question légitime, Jésus ne donne pas de date précise, mais il décrit des signes : guerres, séismes, famines, pestes, et phénomènes célestes terrifiants. Ces catastrophes ont une portée universelle, annonçant une transformation radicale du monde.
Le théologien Joseph Ratzinger (futur pape Benoît XVI) commente : « Ces signes ne sont pas une fin en soi ; ils sont des avertissements, des appels à revenir à Dieu dans une relation authentique. » Les événements décrits peuvent être compris comme des révélateurs de la fragilité humaine et de l’urgence de la conversion.
En insistant sur l’incertitude des temps, Jésus nous invite à cultiver la vigilance et la persévérance. Loin de céder à la peur ou à la fascination des prédictions, les croyants doivent discerner les signes pour renouveler leur engagement à vivre dans la lumière de l’Évangile.
3. Les fausses attentes : Distinguer la vérité de l’erreur
« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : « C’est moi », ou encore : « Le moment est arrivé. » Ne marchez pas derrière eux » (Lc 21, 8).
Dans ce verset, Jésus met en garde contre les faux prophètes qui surgissent dans les moments de crise. Ces imposteurs exploitent la peur et l’incertitude pour égarer les âmes.
Saint Irénée, dans son œuvre Contre les hérésies, souligne l’importance d’un discernement éclairé par la foi et l’enseignement de l’Église : « Les faux enseignements naissent du refus d’écouter la voix authentique de Dieu, qui se manifeste dans la continuité apostolique. »
Cette exhortation reste actuelle dans un monde saturé de discours sensationnalistes. Les croyants sont appelés à se nourrir de la Parole de Dieu et à s’appuyer sur le magistère de l’Église pour ne pas tomber dans les pièges du relativisme ou des doctrines erronées.
4. Vivre dans l’espérance face aux épreuves
« Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés. Il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin » (Lc 21, 9).
Ce passage met en lumière une vérité essentielle : les souffrances et les bouleversements ne signifient pas l’abandon de Dieu. Au contraire, ils rappellent l’importance d’une foi enracinée dans l’espérance.
Saint Jean Chrysostome enseigne que « les tribulations sont l’épreuve de la fidélité ; elles purifient et affermissent ceux qui gardent confiance en Dieu. » À travers les guerres et les calamités, Jésus appelle ses disciples à ne pas céder à la peur, mais à voir ces événements comme une étape dans l’accomplissement du dessein divin.
L’espérance chrétienne repose sur la certitude que Dieu est souverain et que, malgré les apparences, il conduit l’histoire vers une plénitude de vie et de paix. Cette vision éclaire notre manière d’affronter les défis contemporains, en témoignant de l’amour et de la justice de Dieu.
Conclusion : Une invitation à la vigilance active
Lc 21, 5-11 n’est pas un simple récit apocalyptique ; il est une leçon de confiance et de vigilance. Jésus ne cherche pas à effrayer, mais à préparer ses disciples à traverser les épreuves avec courage et fidélité.
Loin d’être une fin en soi, les signes annoncés rappellent la fragilité des réalités terrestres et l’urgence de vivre une foi authentique. Les paroles de Jésus, comme le note saint Thomas d’Aquin, « ne sont pas une condamnation du monde, mais une invitation à vivre en plénitude dans la perspective de l’éternité. »
Ainsi, ce passage de l’Évangile nous appelle à une conversion constante, à une vigilance éclairée, et à une espérance joyeuse dans l’attente du retour glorieux du Christ. Que cette méditation nourrisse notre foi et nous incite à être des témoins audacieux de l’amour de Dieu dans un monde en quête de sens.
Pour aller plus loin dans la recherche
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