Le chrétien et l’interprétation des rêves

Rêve
Rêve

Il n’est pas de semaine que l’un ou l’autre ne fasse part de son rêve pour en demander la signification. J’entreprends donc clarifier la question pour tous. Je voudrais préciser, avant d’évoluer, que je considère ce thème en tant qu’homme de foi. C’est donc la foi qui guide ma réponse et non ce qu’en disent les différentes traditions religieuses. Ceci étant, je parcourrai le sujet en quatre sous-thèmes : qu’est-ce qu’un rêve et comment comprendre son avènement ? Quel enseignement peut-on tirer des rêves et songes de la Bible ? Qu’enseigne l’Église au sujet des rêves ? Enfin, quelle attitude avoir vis-à-vis de nos rêves ?

Qu’est-ce qu’un rêve et comment comprendre son avènement ?

Chercher à définir un rêve est une tâche laborieuse, car les définitions varient en complication selon que l’on va du général au spécifique. Sans verser dans ce qu’en disent Freud et les psychanalystes, je voudrais retenir que le rêve est un phénomène de l’esprit produit par le cerveau pendant que nous dormons, phénomène au cours duquel nous nous éveillons à une autre vie dont nous sommes les acteurs principaux. Le rêve est donc lié au sommeil. On dit souvent qu’il est le gardien du sommeil, c’est-à-dire que le rêve nous garde dans le sommeil en sorte qu’on puisse affirmer qu’il n’y a pas de sommeil sans rêve. Dans un sommeil, on peut faire plusieurs rêves. Mais on ne se souvient que des plus marquants.

Les rêves varient selon les conditions météorologiques, somatiques, corporelles, événementielles, psychologiques, relationnelles, professionnelles, imaginatives. Ils adviennent selon nos désirs, nos peurs, nos aspirations profondes, les conflits internes et interpersonnels. Je ne peux épuiser toutes les conditions qui influencent le contenu de nos rêves. Nous pouvons rêver différemment selon qu’il fait chaud ou froid. La variation de la température peut agir sur notre rêve. Le repas que nous avons mangé dans la journée peut influencer notre rêve. Une indigestion peut donner un tour nouveau à notre rêve. Les personnes rencontrées dans la journée ou dans la semaine, un fait marquant qui nous a touchés peuvent modifier le contenu de notre rêve. On peut multiplier les exemples.

Celui qui vit sous le régime de la peur de l’homme, d’une personne particulière n’aura que des rêves qui ressemblent à son état psychique : des rêves cauchemardesques, des rêves belliqueux où elle sera en confrontation avec les bêtes féroces, les personnes dangereuses ou même la personne qui vous hante. Si une personne est sous le coup d’un paludisme chronique, elle fera de ses rêves où il sera dans une confrontation mortelle avec des ennemis étranges et étrangers. Ces rêves finissent par des cauchemars et des cris stridents suivis d’un réveil précipité.

Ces exemples qu’on peut multiplier à volonté montrent que les rêves que nous faisons sont extrêmement complexes à cerner. Il faut donc, de ce point de vue, une grande prudence dans le rapport que nous devons avoir avec nos rêves. Pour voir clair dans un rêve, le démasquer, il faut noter, sur un calepin, le rêve, non seulement avec son contenu (la trame du rêve qui implique la narration de l’événement mais aussi son décor qui appelle les couleurs, les formes, les temps dans le rêve, les personnages, bref tout le narratif et le descriptif) mais aussi avec toutes ces conditions que je viens d’énumérer : l’heure réelle du rêve, nos repas, nos aspirations et nos craintes, les paroles prononcées dans la journée, les personnes rencontrées, notre état psychoaffectif avant le sommeil, la température, notre santé corporelle et tout un ensemble de choses. L’absence d’un élément peut changer complètement la logique du rêve. Vous voyez bien combien il est laborieux de faire attention à tous ces détails-là, alors qu’on est appelé à raconter après coup un rêve, même s’il arrive à répétition.

En résumé, pour cette première partie, retenons que le rêve est une fonction psychique du cerveau en plein sommeil qui nous fait revivre selon une multiplicité de conditions non maîtrisables. Pour la prochaine fois, nous aborderons la question suivante : quel enseignement peut-on tirer des rêves et songes de la Bible ?

Quel enseignement peut-on tirer des rêves et songes de la Bible ?

Le premier enseignement sur les rêves nous a permis de le définir très sommairement et de montrer les multiples facteurs pouvant modifier le contenu de nos rêves. Leur caractère aléatoire est donc réel, car un coup de fraîcheur la nuit peut permettre au cerveau de relancer un nouveau rêve. Ce qui fait qu’on peut passer d’une phase de rêve à une autre sans lien apparent. Aujourd’hui, nous allons interroger la Parole de Dieu pour en extraire un enseignement à même de nous orienter dans la suite de notre recherche.

Le rêve est bien attesté dans la Bible

La Bible nous relate des histoires où Dieu communique avec les hommes par des songes. Qui ne se rappelle le songe de Jacob (Gn 28, 10-22), ceux d’Abimelek (Gn 20,3), de Joseph, appelé l’homme aux songes, du jeune Samuel que le Seigneur appelle alors qu’il est en plein sommeil, de Salomon (1 Rois 3, 5-15) ; de Nabuchodonosor (Daniel 2:19) ; de Daniel (Daniel 7,1). Dans le Nouveau Testament, on ne rêve pas moins. Le premier évangile nous narre les rêves de Joseph. L’Ange du Seigneur lui apparaît à répétition (Lc 1, 27 et 30) pour lui indiquer ce qu’il doit faire. Les Mages aussi ont été avertis en songe (Mt 2, 12) de ne pas retourner chez Hérode.

A titre indicatif, je vous laisse un célèbre extrait du livre de Job.

14 Pourtant Dieu parle d’abord d’une manière et puis d’une autre, mais l’on n’y prend pas garde : 15 dans le songe, la vision nocturne, lorsqu’une torpeur accable les humains, endormis sur leur couche. 16 Alors il ouvre l’oreille des humains et y scelle les avertissements qu’il leur adresse, 17 afin de détourner l’homme de ses actes, d’éviter l’orgueil au héros. 18 Ainsi il préserve son existence de la fosse et l’empêche d’offrir sa vie au javelot. 19 Parfois, il le réprimande dans son lit par la douleur, et la lutte n’a de cesse dans ses os. 20 Le pain lui donne la nausée, il n’a plus d’appétit pour la bonne chère. 21 Il dépérit à vue d’œil, ses os qu’on ne voyait pas deviennent saillants. 22 Alors son existence frôle la fosse, et sa vie est livrée aux exterminateurs. Jb 33, 14-22

Il sera bon de faire un commentaire de ce texte en se posant une bonne question : pourquoi Dieu parle-t-il à l’homme ? Visiblement pour le détourner du chemin de la mort et l’engager sur le chemin de la conversion. Toutes les fois que Dieu parle à l’homme, c’est pour incliner son cœur sur le chemin de ses préceptes. Voilà un cadre global d’interprétation théologique des songes, et si vous voulez, des rêves.

Distinguer pour mieux comprendre

Des exemples bibliques que nous avons parcourus, il apparaît nécessaire de faire une quadruple distinction de l’action de Dieu, qu’il s’agisse des rêves ou des songes. Primo, Dieu s’adresse souvent aux hommes plus par des songes que par des rêves. En effet, alors que le rêve est une activité psychocélébrale provenant de l’homme et des contingences extérieures et intérieures, lointaines ou proches, qui influencent son sommeil, le songe, bien que supposant le sommeil, ne provient pas de l’homme. Il provient de l’action d’une force extérieure à l’homme : un ange, un saint ou Dieu lui-même. Cela peut même venir du diable, puisqu’il est une force extérieure à l’homme.

Secundo, quand il s’agit de Dieu, il est mentionné souvent que le songe provient d’une intervention divine. Ceci a l’avantage de libérer l’homme des songes mensongers et pervers qui ont l’esprit malin pour source. Tertio, quand le songe vient de Dieu, le message est plutôt clair sans équivoque ou, s’il y a nécessité d’interprétation, cette interprétation ne se fait pas par celui qui a reçu le songe, mais par un autre mandaté par Dieu pour une mission circonstancielle. L’histoire de Joseph interprétant le songe du Pharaon et celle de Daniel interprétant le songe de Nabuchodonosor nous enseignent au mieux. Quarto, lorsque Dieu instruit par un songe, c’est spécifiquement pour un objectif précis concernant l’œuvre du salut. Il suffit de relire le texte de Job 33 pour y voir clair. Dieu nous parle pour nous inviter à la conversion.

Joseph et Daniel, deux interprètes de rêves

Dans la Bible, nous connaissons bien l’histoire de Joseph qui interprète les songes de ces amis prisonniers et ceux du Pharaon. Nous n’ignorons pas non plus la figure de Daniel, qui déchiffre les songes de Nabuchodonosor. Ce sont deux cas uniques, non répétés dans la Bible. On verra par la suite que le Seigneur désapprouve l’interprétation des songes. Avant d’y arriver, voyons ce qui caractérise Joseph et Daniel.

La spécificité de ces deux figures est que c’est le Seigneur qui, par son Esprit, les assiste pour un objectif précis. Les deux sont destinés aux rois, païens (c’est nécessaire de le préciser). Par eux-mêmes, ils sont incapables de connaître la volonté de Dieu. Ensuite, la mission de ces deux interprètes est directement lié au peuple d’Israël. Joseph pour la survie des enfants de Jacob menacés par la famine et l’extermination, Daniel auprès de Nabuchodonosor pour la libération du peuple d’Israël. Autrement que ces deux cas, où symboles, paroles, chiffres deviennent lieu de décodage de la Parole de Dieu, on n’en trouve nul autre ailleurs.

Dans un cadre plus global, il convient de noter que l’un et l’autre ont une assistance particulière de la lumière divine, en sorte qu’on puisse dire avec Joseph, fils de Jacob, que l’interprétation du songe appartient à Dieu. En fait, ce ne sont pas eu qui interprètent mais Dieu qui se sert d’eux comme un instrument au bénéfice de son peuple.

Un avertissement à propos de l’interprétation des rêves

Bien que la réalité existe dans la Bible, on voit combien, par son prophète et les sages, le Seigneur prévient son peuple du danger des rêves alors qu’en Israël et dans toutes nos cultures, le rêve et les songes sont des passerelles de communication divine,

Le prophète Jérémie avertissait le peuple de Dieu à ne pas considérer les songes des devins : « Car ainsi parle l’Eternel des armées, le Dieu d’Israël : Ne vous laissez pas tromper par vos prophètes qui sont au milieu de vous, et par vos devins, n’écoutez pas vos songeurs dont vous provoquez les songes ! » (Jérémie 29,

Mieux encore, dans le livre de Siracide (Ben Sirac le Sage 34, 7), l’écrivain sacré affirmait que « Divination, augures, songes, autant de vanités, ce sont là rêveries de femme enceinte. A moins qu’ils ne soient envoyés en visiteurs du Très-Haut, n’y applique pas ton cœur. Les songes ont égaré beaucoup de gens, ceux qui comptaient dessus ont échoué. ». On peut dire donc que, de la Genèse aux livres sapientiaux, la pensée du peuple d’Israël a fortement évolué dans son rapport au rêve.

Ce petit parcours nous a permis de comprendre que Dieu a aussi parlé aux hommes à travers les songes, pour une mission précise ; Il commet des interprètes pour ceux qui n’ont pas la lumière suffisante pour comprendre l’énigme des songes. L’interprétation des songes relève de la sphère divine en sorte que personne ne peut se targuer d’être interpréteur de songe, bien entendu que les rêves relèvent d’un phénomène naturel qu’il faut à tout prix éviter de prendre pour des messages divins. Cela signifie que quantité de rêves n’ont rien à voir avec Dieu. Au contraire, ils sont source de duperie pour ceux qui se fient à eux. Dans le prochain billet, nous verrons de prêt l’enseignement de l’Église à ce sujet.

Que dit l’Église sur les rêves ?

Nous continuons notre recherche sur le mystère des rêves. Le chemin déjà parcouru nous a permis de comprendre le rêve et son fonctionnement psychique et cérébral mais aussi de voir combien la réalité bien que très présente dans la Bible, sous le vocable spécifique du « songe », ne manque pas de nous interpeler. Dieu parle à l’homme par les songes et pourtant, il défend formellement que l’on s’essaye à leur explication, excepté les deux cas de Joseph et de Daniel. N’est-ce pas pour nous dire que le songe que nous avons, mais aussi d’une certaine manière, puisque rien n’échappe à Dieu, les rêves que nous faisons, relève de droit divin ? Chercher coûte que coûte à en trouver le sens, n’est-ce pas, comme on le dit chez nous, lui chercher noise ?

J’avoue, et cela peut bien arriver surtout quand il s’agit de se documenter sur une réalité, de ne pas avoir beaucoup de sources d’information. La documentation sur la pensée de l’Église à propos des rêves est très maigre. J’en suis venu plusieurs fois à céder au découragement, faute de source crédible. Cependant, deux principes m’ont fait remonter la pente. La première est que l’Église ne contredit jamais la Parole de Dieu, la deuxième les pères de l’Église (les tous premiers chrétiens qui ont pensé la foi chrétienne) et Saint Thomas d’Aquin, ont donné un avis très éclairant sur le sujet et qui reste pour nous d’un intérêt capital.

Les pères de l’Église qui ont émis une réflexion sur les rêves sont plutôt très réservés quant à leur interprétation (Saint Jean Climaque, III, 35-45). Bien que reconnaissant l’existence des rêves, ils montrent que ceux d’entre eux qui pourraient avoir un sens dans notre vie au point de l’orienter sont plutôt sinon rares du moins exceptionnels. Si le songe vient de Dieu, il en fera connaître le sens ou bien il enverra un homme pour son interprétation. Il faut donc, avec eux, relever que le désir de chercher à interpréter les rêves est une superstition aussi trompeuse qu’illusoire. Là-dessus, ils sont en plein accord avec la Parole de Dieu. Je partage avec vous une observation toute de sagesse de Saint Jean Climaque :

Les démons se transforment souvent en anges de lumière et prennent la forme de martyrs, et nous les font apparaître pendant le sommeil pour que nous soyons en communication avec eux. Puis, lorsque nous nous réveillons, ils nous plongent dans la joie impie et la vanité. Mais vous pouvez détecter leur tromperie par ce fait même. Car les anges révèlent des tourments, des jugements et des séparations ; et quand nous nous réveillons, nous constatons que nous tremblons et sommes tristes. Dès que nous commençons à croire les démons dans les rêves, alors ils se moquent de nous quand nous sommes éveillés aussi. Celui qui croit aux rêves est complètement inexpérimenté. Mais celui qui se méfie de tous les rêves est un homme sage. Ne croyez qu’aux rêves qui vous avertissent de tourments et de jugements. Mais si le désespoir vous afflige alors ces rêves aussi procèdent des démons. Saint Jean Climaque, « L’échelle de l’ascension divine », « Sur l’exil ou le pèlerinage ».

Après les pères de l’Église, on peut, de bon droit, prendre en considération ce que Saint Thomas d’Aquin dit de l’interprétation des rêves. Le docteur angélique, sans s’attaquer directement au contenu des rêves, préfèrent interroger leurs causes. Les rêves (plus précisément les songes) peuvent en effet avoir deux sources : Dieu par l’action des bons anges et le diable par l’entremise des anges déchus. « La cause spirituelle est parfois Dieu qui, par le ministère des anges, fait aux hommes certaines révélations dans leurs songes, selon ce texte des Nombres (12, 6): « S’il y a parmi vous un prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai en vision ou je lui parlerai par un songe ». Mais d’autres fois ce sont les démons qui sont à l’œuvre. Ils font apparaître dans le sommeil des images grâce auxquelles ils révèlent certains faits à venir, à ceux qui ont avec eux des pactes défendus ». Pour Saint Thomas d’Aquin donc, les rêves qui ont des causes démoniaques peuvent provenir de pactes implicites ou explicites faits avec les démons par le passé par nous-mêmes ou par nos ascendants.

De toute évidence donc, l’Église demande à ses fils et filles la prudence dans l’interprétation des rêves. On peut en effet très vite tomber dans le piège du tentateur. Le danger est plus grand quand celui qui rêve en devient lui-même l’interprète. A partir de ce moment, il est manipulé non seulement par son niveau de connaissance mais aussi par la prise au sérieux de rêves aléatoires même s’ils sont répétitifs.

L’Église notre Mère ne permet pas à ses fidèles de rechercher les interprètes de rêves. Aujourd’hui, certains médiums et spirits et périsprits se déclarent avoir le don d’expliquer les rêves. Il faut comprendre, à travers la position de l’Église, éclairée par la Parole de Dieu, que Dieu réprouve les devins et les interprétateurs de rêves. Ils travaillent non sous la motion de l’Esprit de Dieu mais sous celui d’un esprit avec lequel ils ont fait des alliances.

Le jeudi prochain, nous aborderons la question inéluctable des critères du discernement dans notre rapport à nos rêves. Nous finirons, le jeudi suivant, avec deux cas spécifiques : les rêves prémonitoires et le combat spirituel dans un état d’oppression. Nous suggérons en guise de conclusion des attitudes et une prière pour se protéger des mauvais rêves.

Comment opérer le discernement de nos rêves ?

Frères et sœurs, le jeudi dernier nous avons compris, sur la base de la Parole de Dieu, que la position de l’Église, fondée sur les données de la Sainte Ecritures, est claire : Dieu défend la recherche de l’interprétation des rêves. Aujourd’hui, nous voulons nous pencher sur les critères de discernement de nos rêves.

Qu’est-ce que le discernement ?

Le discernement, dans sa plus simple expression, est l’opération de l’esprit qui permet à l’homme de séparer le bon du mauvais, le juste de l’injuste, le vrai du faux et de pouvoir faire un choix. Pour y parvenir, il faut quelques étapes : d’abord savoir reconnaître les sentiments dans l’impression finale qu’ils nous laissent, ensuite se laisser éclairer non seulement par les normes humaines, mais en tant que chrétien, par la Parole de Dieu et le Saint-Esprit. A un troisième niveau, il faut recourir à la lecture d’un accompagnateur spirituel et, enfin, prendre une décision. Ainsi donc, le discernement est incontournable dans la vie de chaque homme, du chrétien en particulier.

Ce petit détour nous permet de mieux élucider les critères de discernement de nos rêves. Discerner un rêve revient donc à faire attention d’abord à l’impression finale qu’il nous donne, ensuite l’éclairer par la Parole de Dieu et enfin se recommander à son accompagnateur spirituel avant de prendre une décision finale.

Premier critère : les sentiments que les rêves nous laissent à notre réveil.

A ce niveau, il faut se poser quelques questions. Est-ce que je fais ce rêve souvent ? Combien de fois cela m’arrive-t-il déjà ? Quel est le contenu du rêve : les personnes, les choses, les paroles, les couleurs, le temps, le lieu, etc. ? A quelle période de ma vie ce rêve m’arrive-t-il ? Dans la tristesse, dans la joie, dans la maladie, dans le découragement, dans l’harmonie avec tout le monde, dans la tension, quand l’argent me manque, etc. Ce sont de multiples questions qu’il faut se poser. La plus importante est celle-ci : A mon réveil, quel sentiment m’habite : la peur ? la frayeur ? l’inquiétude ? l’angoisse ? la joie. la paix ? la sérénité ? l’assurance ? l’indifférence ? la perplexité ?. Il faut absolument classer les rêves que nous faisons selon deux catégories. Le discernement ne s’opère, finalement, que selon deux catégories. Si par exemple je rêve souvent et je suis pourchassé par les bêtes féroces ou que je suis me trouve dans des endroits noirs et mortels, il y a certainement un sentiment qui va m’habiter. Si ce n’est pas la peur, c’est tout au moins l’inquiétude. En revanche, si je rêve souvent que je réussis, que j’ai des solutions à mes préoccupations, c’est naturellement que je serai, à mon réveil, dans la joie. Il faut donc absolument faire le point des sentiments qui nous habitent au réveil, suite à nos rêves.

Déjà à ce niveau, les réponses aux questions permettent à la personne elle-même de prendre une position, subjective certes, mais nécessaire pour continuer le discernement. Il faut pouvoir dire en soi, au bout de ce premier critère, que ce rêve vient de Dieu ou de l’esprit malin ou ne vaut pas la peine d’être considéré. C’est bien cette première conclusion, servant d’hypothèse de base, que nous allons chercher à vérifier à partir des trois critères de discernement qui vont suivre.

Deuxième critère : La lumière de la sagesse humaine.

Le deuxième niveau de discernement est la lumière de la raison et de la sagesse humaine. Il faut à présent raisonner le rêve, en l’interrogeant sur son apparition, en cherchant à le comprendre par soi-même. Il faut aussi se faire aider des normes humaines. Voici la question qu’il faut se poser : en quoi la sagesse des hommes m’éclaire sur ce rêve ? Par exemple, lorsque je rêve souvent que je suis dans un milieu de violence et que je tue les gens dans mon rêve, je dois pouvoir me poser cette question : la morale humaine me recommande-t-elle de tuer ? Assurément Non. C’est déjà un premier signe que ce rêve va à contre-courant des normes sociales. Il faut s’en méfier et demander à Dieu de nous aider à nous en débarrasser. Si par contre, je rêve souvent que je suis dans des milieux d’entraide et de sollicitude vis-à-vis des plus pauvres, je peux bien voir que les normes sociales mettent en l’honneur l’entraide et la solidarité et que la sagesse humaine recommande cela. C’est un indice déjà que se rêve est bon. La sagesse humaine, selon chaque culture, classifie les rêves en bon ou mauvais. Il faut donc ne pas les ignorer. Cependant, le chrétien ne peut pas se limiter à ce que dit la perception humaine des rêves pour prendre une décision définitive. Le Christ a son mot à y dire.

Troisième critère : l’Eclairage de la Parole de Dieu et de l’Esprit-Saint.

Beaucoup de personnes ne comprennent pas toujours la manière dont la Parole de Dieu devient lumière pour les situations de notre vie. Et pourtant, c’est tout simple. La Parole de Dieu éclaire notre vie et les événements qui l’enrichissent en ceci qu’elle permet de tracer la frontière entre la vérité et le mensonge, le bien et le mal, le juste et l’injuste. Elle permet aussi, entre plusieurs possibilités bonnes en soi, de choisir la plus adéquate qui coïncide avec la volonté de Dieu.

En conséquence, la Parole de Dieu est semblable à une lampe torche que nous pouvons projeter sur nos rêves pour voir en quoi leur contenu est en adéquation ou non avec la Parole de Dieu. Pour clarifier mon propos, je prendrai deux exemples de rêves.

Le premier : Je rêve souvent et je me trouve parmi des gens que je semble connaître. Ils me donnent des conseils sur une trahison dont j’ai été victime. Ils me disent de me venger, de ne pas me taire dans une telle situation. Puis subitement, je me vois dans un milieu où les gens combattent violemment leurs adversaires. Parmi ces adversaires, je vois celui qui m’a trahi. Quelqu’un me remet un couteau et me demande de le frapper à mort. Sur ce, je me réveille, complètement affolé.

Le deuxième exemple : Je rêve souvent et je me trouve parmi des gens que je semble connaître. Ils me donnent des conseils sur une trahison dont j’ai été victime. Ils me disent de pardonner et de ne pas me faire du mal pour cette offense. Ils me demandent d’aller voir mon offenseur pour mieux comprendre son comportement. Subitement, je me retrouve dans un milieu où les gens étaient rassemblés pour une prière de réconciliation. Parmi eux, se trouvait celui qui m’a offensé. Quelqu’un se dégage du groupe et me demande de venir prier avec eux pour la réconciliation. Sur ce, je me réveille, perplexe, ne sachant plus quoi faire.

Voilà deux exemples de rêves similaire par la trame et le décor mais dont les éléments qui font progresser le récit sont complètement différents dans leur langage et attitude. Comment s’opère le discernement avec la Parole de Dieu et l’Esprit-Saint ? Pour y parvenir, il faut voir en quoi le contenu du rêve est en coïncidence ou non avec l’enseignement du Christ et de l’Église. Visiblement, le premier rêve où l’on me conseille la vengeance est loin de l’enseignement du Christ qui nous invite à ne pas riposter aux méchants. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui la joue gauche. Cette Parole devient une lumière projetée sur le rêve, en sorte qu’on peut dire avec précision que ce rêve ne vient pas d’inspiration divine.

Quant au second rêve, où les personnes que je semble connaître me parlent du pardon, de passer à autre chose, je peux voir avec l’aide de la Parole de Dieu que ce rêve vient de Dieu. La Parole de Dieu ne nous demande-t-elle pas de pardonner nos ennemis et Jésus n’a-t-il pas dit : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ? ». Le second rêve étant en syntonie avec la Parole de Dieu, je peux le suivre, en tant que chrétien.

On peut bien se demander en quoi l’Esprit-Saint est important. Sa place décisive tient dans le fait que c’est lui qui nous rappelle avec exactitude la Parole divine qui nous permettra de voir clair dans nos rêves. « Quand il viendra lui, l’Esprit de vérité, il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». Sa place est donc irremplaçable dans le discernement et il faut l’invoquer constamment.

Quatrième critère : La compréhension d’un chrétien qui sait discerner les esprits.

Il se pourrait que le rêve soit si complexe que l’on n’est pas immédiatement, par soi-même, une Parole inspirée de l’Esprit Saint qui l’éclaire. C’est alors qu’intervient l’accompagnateur spirituel. Il n’est pas un interprétateur de rêves, ni un devin pour nous transmettre un message des esprits. Il se sert lui aussi de la Parole de Dieu et des événements de la vie de son accompagné pour discerner. Il rend objectif notre analyse subjective. Il peut voir autrement, voyant dans l’apparemment bon quelque chose de malin. Il peut ne pas y arriver lui-même. Dans ce cas, il faut s’abandonner à Dieu sans chercher à aller plus loin.

En règle générale, un rêve peut être pris en compte quand il nous engage sur la voie des commandements de Dieu. Si Dieu a un mot à dire dans nos rêves, c’est pour nous avertir de nous détourner du chemin du mal pour emprunter celui de ses préceptes. On connaît bien leur synthèse : Aimer Dieu et aimer son prochain. On peut donc, à partir de ce principe voir plus clair dans nos rêves, en rejetant systématiquement ceux qui ne vont pas dans cette optique pour ne retenir que ceux qui nous permettent de grandir dans l’amour de Dieu. C’est du moins par cette opération que je prends une décision au sujet de mes rêves. Si les rêves ont une influence à avoir sur ma vie, il faut absolument que cette influence me fasse grandir dans l’amour de Dieu et du prochain.


Pour aller plus loin dans la recherche

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