Qohelet : Tout est vanité

Des bijoux

Le Livre de Qohelet (ou Ecclésiaste) est l’une des œuvres les plus fascinantes et méditatives de la Bible. Écrit dans un style introspectif, il explore les grandes questions de l’existence humaine : le sens de la vie, le travail, la sagesse, et la finalité de toutes choses. Sa célèbre phrase d’ouverture, « Vanité des vanités, tout est vanité » (Qo 1,2), donne le ton à cette réflexion profondément réaliste sur la condition humaine. Cet article examine les thèmes centraux du livre à travers quatre axes majeurs, en intégrant des citations d’experts et des versets clés pour mieux saisir son message intemporel.

1. La vanité des choses terrestres

Qohelet commence par une observation percutante : tout ce que l’homme entreprend sous le soleil est marqué par l’éphémère. Il déclare :

« Quel profit revient-il à l’homme de toute la peine qu’il prend sous le soleil ? » (Qo 1,3).

Cette réflexion souligne la brièveté et l’inutilité apparente de nombreuses activités humaines. La répétition des cycles naturels (vent, soleil, et rivières) semble symboliser l’immobilisme du sens ultime des choses (Qo 1,5-7). Pour Qohelet, l’accumulation de richesses, la recherche de plaisir ou encore l’acquisition de savoir ne mènent qu’à une conclusion : rien ne satisfait pleinement le cœur de l’homme.

Dans son commentaire sur ce passage, le théologien Jacques Ellul affirme :

« Qohelet n’est pas pessimiste. Il nous rappelle que les œuvres humaines, déconnectées de leur Créateur, ne peuvent combler l’aspiration éternelle de l’âme. »

Cette perspective invite à une prise de conscience : si les choses terrestres sont passagères, seul ce qui est lié à Dieu a une valeur durable.

2. Le temps et l’œuvre de Dieu

Au cœur du livre, Qohelet contemple le mystère du temps, affirmant que chaque chose a un moment opportun :

« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous le ciel » (Qo 3,1).

Cette poésie des « temps » (Qo 3,2-8) évoque la main souveraine de Dieu, qui régit toutes les saisons de la vie humaine. Pourtant, Qohelet constate avec une pointe d’amertume que l’homme ne peut comprendre pleinement les desseins divins :

« Dieu a fait toute chose belle en son temps ; mais il a mis dans leur cœur la durée, sans que l’homme puisse saisir l’œuvre que Dieu fait du commencement jusqu’à la fin » (Qo 3,11).

Saint Jean-Paul II, dans son enseignement sur la sagesse biblique, commente :

« Le Cantique des temps de Qohelet nous rappelle que la paix intérieure réside dans l’abandon confiant à la Providence. Reconnaître Dieu comme Maître du temps, c’est vivre avec sagesse. »

Cette section du livre invite à cultiver l’humilité et la foi dans la souveraineté divine, même lorsque l’avenir demeure voilé.

3. L’illusion des richesses et des plaisirs

Pour Qohelet, les richesses, bien qu’elles soient le fruit du labeur humain, ne peuvent garantir le bonheur. Il déclare avec lucidité :

« Celui qui aime l’argent n’est jamais rassasié par l’argent, ni celui qui aime l’abondance rassasié par le revenu : c’est encore là une vanité » (Qo 5,9).

Cette dénonciation de l’avidité rejoint la critique des plaisirs hédonistes. Après avoir expérimenté tous les plaisirs possibles, Qohelet conclut :

« J’ai décidé dans mon cœur de livrer ma chair au vin, tout en dirigeant mon cœur par la sagesse… Mais voici que tout était vanité et poursuite de vent, sans profit sous le soleil » (Qo 2,3-11).

Le philosophe chrétien Paul Claudel résume cette quête stérile en affirmant :

« Le livre de Qohelet nous exhorte à ne pas chercher dans les possessions matérielles une sécurité que seul Dieu peut offrir. »

Cette perspective encourage les croyants à réorienter leurs priorités vers des trésors célestes, où la vraie satisfaction peut être trouvée.

4. La crainte de Dieu comme ultime sagesse

La conclusion du livre est un appel à la foi et à l’obéissance :

« Crains Dieu et observe ses commandements, car c’est là tout l’homme » (Qo 12,13).

Pour Qohelet, la sagesse suprême consiste à reconnaître notre dépendance envers le Créateur et à nous conformer à sa volonté. La crainte de Dieu n’est pas une peur servile, mais une attitude de respect, d’adoration et de soumission aimante à celui qui tient l’univers entre ses mains.

Benoît XVI, dans une méditation sur la littérature sapientielle, souligne :

« Le Livre de Qohelet ne conclut pas sur une note de désespoir, mais sur un appel vibrant à l’espérance en Dieu, qui donne sens à la vie humaine malgré ses mystères. »

En adoptant cette attitude, l’homme peut transcender l’absurdité apparente de l’existence et découvrir une joie profonde dans l’amour de Dieu.

Conclusion : Une sagesse intemporelle

Le Livre de Qohelet nous confronte à une vérité incontournable : la vie humaine est marquée par l’éphémère et l’incertitude. Cependant, loin d’être un appel à la résignation, ce texte nous invite à une sagesse profonde : reconnaître la vanité des biens terrestres pour mieux nous attacher à Dieu, source de tout sens et de toute plénitude.

En méditant sur les paroles de Qohelet, nous sommes conduits à réorienter notre regard, à accueillir les moments de la vie avec gratitude, et à marcher humblement dans la crainte du Seigneur. Que ce message nous inspire à vivre avec sérénité et foi, en recherchant ce qui demeure éternellement.


Pour aller plus loin…

Vous pouvez télécharger le livre et le lire à partir du lien suivant : https://ebible.org/pdf/francl/francl_ECC.pdf

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