Bien-aimés dans le Seigneur,
Les textes de la liturgie de ce dimanche nous interpellent en profondeur : ils viennent nous rappeler que Yahvé est véritablement le Dieu des pauvres et des faibles. Dans la première lecture tirée du livre des Rois, nous voyons comment Dieu se révèle comme le Dieu-provident. Sous le règne du roi Achab, marié à la célèbre Jézabel, adepte du culte idolâtrique de Baal, le prophète Élie reçoit l’ordre du Seigneur de fermer le ciel, empêchant la pluie de tomber (cf. Si 48,3). Suite à cette sécheresse, Élie se retrouve seul et dépendant de la providence divine près du Jourdain, buvant au torrent et recevant de la nourriture des corbeaux, jusqu’à ce que le torrent s’assèche. Sur l’ordre de Dieu, Élie se rend alors à Sarepta, où il rencontre une veuve.
Cette femme, qui n’a presque rien pour vivre, est pourtant invitée par Élie à partager le peu qu’elle possède. Elle est à bout de ressources, pourtant Élie lui dit : « N’aie pas peur… Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : la jarre de farine ne s’épuisera pas et le vase d’huile ne se videra pas. » (1 R 17,14). Ce miracle de la multiplication, au cœur de la pauvreté, montre que même dans la misère, le Seigneur pourvoit à ceux qui placent en Lui leur confiance et leur générosité. Et effectivement, la veuve, son fils et Élie eurent de quoi manger, car « la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas. »
À travers ce récit, nous sommes invités, nous aussi, à tourner nos cœurs vers le Seigneur, à lui faire confiance, même dans les moments de misère ou de souffrance. Il est le Dieu des pauvres, des petits, de ceux qui n’ont d’autre appui que Lui. Le psalmiste le proclame avec force : « Le Seigneur fait justice aux opprimés, il donne le pain aux affamés… Il soutient la veuve et l’orphelin » (Ps 145,7-9). En effet, si nous nous remettons avec foi entre les mains de Dieu, il nous comblera au-delà de nos attentes.
Cependant, ce soin de Dieu pour les pauvres et les petits ne se limite pas aux interventions miraculeuses. Il se concrétise aussi dans l’appel qu’il nous lance à être ses instruments pour manifester cette compassion autour de nous. Le Seigneur veut que nous l’aidions à faire le bien, à prendre soin des plus démunis que nous rencontrons sur notre chemin. Comme le dit Ben Sirac : « Les larmes de la veuve coulent sur la joue de Dieu » (Si 35,18), et elles doivent aussi toucher nos cœurs. N’oublions pas que tout ce que nous possédons est un don de Dieu. Le vrai bonheur, nous rappelle Saint Paul, réside dans le fait de donner avec générosité : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35).
Dans l’Évangile, Jésus approfondit cette notion d’offrande en insistant sur la disposition intérieure du don. Lorsque nous donnons à Dieu ou à nos frères, notre don doit venir du cœur. La veuve pauvre du récit évangélique, malgré son indigence, a tout donné, et son offrande est précieuse aux yeux de Dieu. Elle ne s’est pas contentée de donner de son superflu, mais elle a abandonné entre les mains de Dieu tout ce qu’elle avait pour vivre. C’est là une véritable offrande de soi, une confiance totale en la providence.
Dieu n’a pas besoin de nos grandes fortunes ni de dons calculés. Ce qu’il veut, c’est un cœur qui se donne sans réserve, avec authenticité. L’offrande que nous faisons à Dieu doit être l’expression de notre être tout entier, un geste marqué par l’amour. En cela, nous suivons l’exemple du Christ qui, dans la lettre aux Hébreux, se présente comme celui qui s’est offert totalement pour notre salut. Par sa passion, sa mort sur la croix, Jésus nous montre la voie du don véritable : « Il s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9,28). Si nous désirons plaire à Dieu, notre offrande doit suivre cette même voie de l’abandon, de la confiance et du sacrifice.
Puisse le Seigneur nous donner la grâce de faire de nos vies une véritable eucharistie, une vie offerte à Dieu et à nos frères, remplie de confiance, de générosité et d’amour. Que nos actions, notre partage et notre présence auprès des plus faibles soient le reflet de l’amour infini de Dieu pour l’humanité.