Le passage d’Apocalypse 11, 4-12 constitue l’un des textes les plus intrigants du livre de l’Apocalypse. Situé au cœur des visions de Saint Jean, ce texte met en scène deux témoins qui, investis par Dieu, annoncent son message dans un contexte de persécution et de rejet. Cet article explore le sens profond de ce passage en mettant en lumière son message d’espérance, de fidélité et de triomphe final.
1. Les deux témoins : Symboles de la fidélité à Dieu
« Ces deux oliviers et ces deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la terre » (Ap 11, 4).
Les deux témoins représentent ceux qui portent fidèlement la Parole de Dieu. Ils sont identifiés comme « deux oliviers » et « deux lampes », une image empruntée à Zacharie 4, 11-14, où ces symboles désignent ceux qui servent Dieu avec l’onction de son Esprit. Selon plusieurs commentateurs, notamment le père Jean-Pierre Prévost, ces témoins incarnent l’Église dans sa mission prophétique, appelée à être lumière dans le monde et à témoigner, même au prix de la souffrance.
Ce passage reflète la vocation de tout chrétien à être un « témoin ». L’image des lampes souligne l’appel à illuminer les ténèbres du péché, tandis que celle des oliviers évoque une source inépuisable d’huile, symbole de la grâce divine. Ainsi, ces témoins sont une invitation à rester enracinés dans la fidélité à Dieu, malgré les oppositions et les persécutions.
2. La persécution et la mort des témoins : Une épreuve nécessaire
« Quand ils auront achevé leur témoignage, la Bête qui monte de l’Abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera » (Ap 11, 7).
La mort des deux témoins souligne l’intensité des épreuves que le peuple de Dieu peut rencontrer. Leur mise à mort par « la Bête » symbolise la violence des forces du mal contre ceux qui osent proclamer la vérité. Saint Augustin, dans La Cité de Dieu, décrit ce combat comme une réalité inévitable pour ceux qui cherchent à vivre selon l’Évangile.
Cependant, cette persécution n’est pas une défaite. Leur mort publique, suivie d’une fête des ennemis (v. 10), illustre la dérision que le monde peut parfois réserver à ceux qui défendent les valeurs divines. Pourtant, cet apparent triomphe des forces du mal est temporaire, car la résurrection et la glorification des témoins montrent que Dieu reste maître de l’histoire.
Dans un monde marqué par l’injustice et la violence, ce passage rappelle que les tribulations des croyants ne sont jamais vaines. Elles participent à l’œuvre rédemptrice de Dieu et annoncent le triomphe final de sa justice.
3. La résurrection des témoins : Une victoire sur la mort
« Après trois jours et demi, un souffle de vie venu de Dieu entra en eux, et ils se dressèrent sur leurs pieds, et une grande crainte tomba sur ceux qui les voyaient » (Ap 11, 11).
La résurrection des témoins est une affirmation éclatante de la puissance divine. Là où la mort semblait avoir le dernier mot, Dieu intervient pour restaurer la vie. Ce souffle de vie rappelle la création de l’homme en Genèse 2, 7, où Dieu insuffle la vie dans l’argile. De même, il renvoie à la résurrection du Christ, premier-né d’entre les morts (Col 1, 18).
Pour Saint Irénée de Lyon, cette résurrection est une image de l’espérance chrétienne. Elle démontre que, même dans les moments de désespoir, Dieu agit pour redonner vie et restaurer ce qui semblait perdu. Cette victoire est également une promesse pour tous les croyants : la fidélité à Dieu, même dans la souffrance, conduit à la gloire.
Ainsi, ce passage ne parle pas seulement des témoins d’Apocalypse 11, mais il annonce aussi la résurrection générale et le triomphe final de tous ceux qui placent leur confiance en Dieu.
4. L’enlèvement au ciel : Une glorification pour tous les fidèles
« Ils montèrent au ciel dans la nuée, sous les yeux de leurs ennemis » (Ap 11, 12).
L’élévation des témoins au ciel symbolise leur glorification. Comme Élie (2 R 2, 11) ou le Christ lors de l’Ascension (Ac 1, 9), ils sont élevés pour partager pleinement la gloire divine. Cet enlèvement dans la nuée, signe de la présence divine, est un témoignage éclatant de la fidélité de Dieu envers ses serviteurs.
Le père Raniero Cantalamessa explique que cette montée au ciel souligne l’appel universel à la sainteté. Les témoins ne sont pas des figures isolées ; ils représentent tout croyant appelé à vivre dans la proximité de Dieu. Leur glorification est donc une anticipation de ce que chaque chrétien espère : être uni à Dieu pour l’éternité.
Ce moment est également un avertissement pour les ennemis de Dieu. Le triomphe des témoins montre que, malgré les persécutions, la vérité de Dieu finit toujours par triompher. C’est un rappel que l’histoire appartient à Dieu et que son dessein s’accomplira pleinement.
Conclusion : Une exhortation à l’espérance et à la fidélité
Le passage d’Apocalypse 11, 4-12 est un puissant appel à l’espérance. À travers les figures des deux témoins, il révèle que la fidélité à Dieu, même dans les épreuves les plus terribles, conduit à la gloire. Ces témoins, modèles pour tous les croyants, illustrent la mission prophétique de l’Église, appelée à briller comme une lampe dans les ténèbres du monde.
En célébrant la victoire finale de Dieu, ce texte nous invite à persévérer dans notre foi et à ne pas succomber aux forces du mal. La résurrection et la glorification des témoins montrent que Dieu reste fidèle à ses promesses et qu’il est toujours à l’œuvre pour transformer la souffrance en triomphe.
Pour le chrétien d’aujourd’hui, ce passage est une invitation à vivre avec audace et confiance, convaincu que, malgré les tribulations, la justice et la vérité de Dieu prévaudront toujours. Que l’exemple des deux témoins nous inspire à demeurer fermes dans notre foi, à témoigner de l’amour de Dieu et à espérer avec joie le triomphe final de son Royaume.
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