Dans le livre de l’Apocalypse, le cinquième chapitre s’ouvre sur une scène de majesté céleste, empreinte de symbolisme et de mystère. Ce passage crucial nous présente l’Agneau de Dieu, seul digne d’ouvrir le livre scellé, révélant ainsi l’histoire et le salut de l’humanité. Cet article se propose de plonger dans la richesse théologique de Apocalypse 5, 1-10, en mettant en lumière son sens profond à travers une approche catholique.
1. Un livre scellé dans la main de Dieu : le mystère de la Providence
« Et je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit au-dedans et au-dehors, scellé de sept sceaux. » (Ap 5, 1)
Le livre scellé, tenu par Dieu sur son trône, symbolise l’histoire de l’humanité et les desseins divins sur le salut. Les sept sceaux signifient sa perfection et son caractère inaccessible à l’homme sans l’intervention de Dieu. Comme l’explique saint Irénée de Lyon, ce livre représente « le plan secret de Dieu, connu de lui seul, jusqu’à ce qu’il soit révélé par le Christ » (Adversus Haereses).
Jean pleure devant l’impossibilité de trouver quelqu’un digne d’ouvrir le livre. Ce geste exprime le drame de l’humanité, incapable de comprendre ou d’accomplir le dessein divin par ses propres forces. Cette scène invite à reconnaître notre dépendance totale envers Dieu et sa révélation.
2. L’Agneau immolé : Christ, vainqueur par son sacrifice
« Et l’un des anciens me dit : Ne pleure pas ; voici, il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. » (Ap 5, 5)
Le Christ est présenté sous deux figures complémentaires : le Lion de Juda et l’Agneau immolé. Ces deux images, à première vue opposées, soulignent la manière paradoxale dont Jésus a remporté la victoire. En tant que Lion, il incarne la puissance royale et messianique annoncée dans l’Ancien Testament. En tant qu’Agneau, il révèle que la victoire divine passe par la faiblesse apparente de la croix.
Benoît XVI souligne dans Jésus de Nazareth que « l’Agneau immolé est le centre de l’histoire, car il manifeste la puissance de l’amour divin qui rachète le monde. » En reconnaissant Jésus comme l’Agneau immolé, le chrétien est invité à contempler le mystère du salut qui s’accomplit par la souffrance et l’humilité.
3. Un chant nouveau : la louange céleste pour la Rédemption
« Ils chantaient un cantique nouveau : Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, langue, peuple et nation. » (Ap 5, 9)
Le cantique nouveau proclamé par les êtres célestes célèbre la rédemption opérée par l’Agneau. En offrant sa vie, Jésus a restauré la relation entre Dieu et l’humanité. Ce chant témoigne de l’universalité du salut : il est destiné à toutes les nations, sans distinction de race, de culture ou de condition sociale.
Le théologien Hans Urs von Balthasar décrit ce passage comme « une explosion de louange dans laquelle l’Église et la création toute entière reconnaissent l’œuvre rédemptrice du Christ. » Ce chant nouveau nous invite à entrer dans la liturgie céleste, unissant notre vie quotidienne à la louange perpétuelle du ciel.
4. Un royaume et des prêtres : la mission des rachetés
« Tu as fait d’eux, pour notre Dieu, un royaume et des prêtres, et ils régneront sur la terre. » (Ap 5, 10)
La rédemption par le sang de l’Agneau confère aux croyants une dignité nouvelle : celle d’être un royaume et des prêtres. Ce verset souligne la mission universelle des chrétiens, appelés à témoigner de la royauté du Christ et à offrir leur vie en sacrifice spirituel.
Le Concile Vatican II rappelle dans Lumen Gentium que « tous les baptisés participent au sacerdoce commun des fidèles, en offrant leur vie comme un culte spirituel. » Ce passage d’Apocalypse 5 nous exhorte à vivre pleinement notre vocation chrétienne, en étant témoins de l’amour et de la justice de Dieu dans le monde.
Conclusion : Une invitation à la contemplation et à l’action
Le chapitre 5 de l’Apocalypse nous plonge dans une vision céleste où la souveraineté de Dieu et la victoire du Christ sont célébrées. À travers le livre scellé, l’Agneau immolé, le chant nouveau et la mission des rachetés, ce passage nous invite à contempler le mystère du salut et à nous engager activement dans notre vocation chrétienne.
En méditant sur ce texte, le chrétien est appelé à se tourner vers le Christ, médiateur unique entre Dieu et les hommes, et à unir sa vie à la grande louange céleste. Ainsi, en reconnaissant l’Agneau immolé comme le centre de l’histoire et de notre foi, nous pouvons entrer dans une espérance vivante, enracinée dans l’amour infini de Dieu.
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