L’Apocalypse : Sens de la lettre à l’Église d’Éphèse

Athènes
Athènes

La lettre adressée à l’Église d’Éphèse, la première des sept Églises mentionnées dans l’Apocalypse de saint Jean, contient un message profond et universel. Elle se distingue par son appel à la fidélité, son avertissement contre la perte du premier amour, et sa promesse pour ceux qui surmontent les épreuves. Cette lettre s’inscrit dans une vision eschatologique et pastorale, révélant le cœur de Dieu pour son Église et son appel incessant à la conversion et à la persévérance.


Introduction : Un message divin à une communauté en tension

La lettre à l’Église d’Éphèse débute par une présentation de son expéditeur : « Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept lampes d’or » (Ap 2, 1). Cette image symbolique rappelle la souveraineté du Christ ressuscité, présent et actif au milieu de son Église. Selon le théologien Yves Congar, « l’Apocalypse n’est pas une œuvre pour effrayer, mais pour encourager les croyants dans leur foi face aux tribulations du monde ». Dès les premières lignes, Jésus s’adresse à une communauté confrontée à la tentation du relâchement spirituel.

1. La reconnaissance des œuvres et de la fidélité (Ap 2, 2-3)

Le Seigneur commence par louer les qualités de l’Église d’Éphèse : « Je connais tes œuvres, ton labeur et ta persévérance. Tu ne peux pas supporter les méchants. » (Ap 2, 2). Les Éphésiens sont loués pour leur vigilance doctrinale et leur rejet des faux apôtres. Cette mention fait écho au contexte historique où la communauté chrétienne d’Éphèse devait lutter contre des influences extérieures et des hérésies naissantes, notamment celles des nicolaïtes.

Comme le souligne le père Jean Daniélou : « La fidélité à la vérité est une vertu essentielle pour l’Église, car elle garde le dépôt de la foi dans un monde en perpétuelle mutation. » Toutefois, cette reconnaissance est suivie d’un reproche, révélant un déséquilibre spirituel malgré les œuvres louables.

2. Le reproche central : L’abandon du premier amour (Ap 2, 4)

Le cœur du message réside dans ce reproche poignant : « Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour. » (Ap 2, 4). Ce verset interpelle sur la nécessité d’une relation vivante avec Dieu, dépassant les simples pratiques religieuses. L’Église d’Éphèse, bien qu’énergique et zélée, semble avoir perdu la ferveur et la profondeur de sa relation initiale avec le Christ.

Selon Benoît XVI : « La foi chrétienne ne se réduit pas à un ensemble de règles ; elle est avant tout une rencontre personnelle avec Jésus-Christ, source de toute joie et de tout amour. » Cette perte du premier amour invite à une réflexion sur la nécessité de raviver la passion spirituelle pour éviter de tomber dans une routine stérile.

3. L’appel à la conversion et à la persévérance (Ap 2, 5-6)

Jésus exhorte les Éphésiens à se souvenir de leur passé : « Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi et fais les œuvres d’autrefois. » (Ap 2, 5). Ce triple appel – souvenir, repentance et action – reflète une pédagogie divine visant à restaurer la communion avec lui. La conversion n’est pas uniquement un changement de comportement, mais un retour du cœur à Dieu.

Le commentaire de saint Augustin éclaire ce passage : « Se détourner de Dieu, c’est tomber ; se tourner vers lui, c’est se relever. » Cette dynamique de conversion rappelle que la foi est une marche constante, nécessitant vigilance et persévérance face aux défis de chaque époque.

4. La promesse pour les vainqueurs (Ap 2, 7)

La lettre s’achève sur une promesse magnifique : « À celui qui vaincra, je donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu. » (Ap 2, 7). Cette image de l’arbre de vie, qui renvoie au jardin d’Éden (Gn 2, 9), symbolise la communion éternelle avec Dieu. Elle encourage les croyants à persévérer, malgré les épreuves, car la récompense est infiniment supérieure aux souffrances du moment.

Le cardinal Jean-Marie Lustiger commente : « L’espérance chrétienne puise sa force dans la promesse du Christ, qui ouvre à l’humanité les portes de la vie éternelle. » Cette promesse est un appel à vivre dans la confiance, en gardant les yeux fixés sur la victoire finale.

Conclusion : Une invitation universelle

La lettre à l’Église d’Éphèse, bien qu’écrite dans un contexte spécifique, demeure d’une actualité saisissante. Elle interpelle chaque croyant sur la qualité de sa relation avec Dieu, sur la nécessité de la conversion et sur l’espérance en la vie éternelle. Loin d’être une simple critique, elle est une manifestation de l’amour du Christ pour son Église, qu’il corrige et guide avec patience.

En méditant ce passage, l’Église aujourd’hui est invitée à réexaminer ses priorités, à raviver sa ferveur et à s’engager avec confiance dans la mission qui lui est confiée. Comme le résume si bien le pape François : « L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction, celle de l’amour authentique pour le Christ. » À l’image de l’Église d’Éphèse, chaque chrétien est appelé à une fidélité renouvelée et à une espérance inébranlable.


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