Chers frères et sœurs,
L’Évangile de ce jour nous rapporte un événement saisissant : un paralysé, porté par des amis, est guéri par Jésus. L’épisode culmine avec cette phrase marquante : « Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient frappés de stupeur et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » » (Mc 2, 12).
Cet émerveillement face à la puissance de Jésus est tout à fait naturel. Qui ne serait pas impressionné par un tel miracle ? Pourtant, cet étonnement révèle une compréhension incomplète de la personne et de la mission de Jésus. L’Évangile nous appelle aujourd’hui à dépasser cette première stupéfaction pour entrer dans une contemplation plus profonde : celle d’un Messie totalement soumis à la volonté de son Père.
Un émerveillement incomplet : la fascination pour le spectaculaire
Les foules qui entouraient Jésus étaient émerveillées par ses miracles. Dans cet épisode, elles sont frappées par la guérison physique du paralysé. Mais en se concentrant uniquement sur ce qui est visible – l’homme qui se lève et marche –, elles passent à côté de l’essentiel.
Le vrai miracle n’est pas d’abord la guérison corporelle, mais la rémission des péchés. Rappelons-nous ce que Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. » (Mc 2, 5). Cette parole provoque une réaction d’incompréhension chez les scribes, car seul Dieu peut pardonner les péchés. Pourtant, Jésus, dans son autorité divine, leur montre que sa mission va bien au-delà des signes extérieurs : il est venu pour restaurer la communion entre Dieu et l’homme, brisée par le péché.
Nous sommes parfois semblables à ces foules. Nous cherchons des signes visibles de la puissance de Dieu, des miracles extraordinaires qui nous frappent d’admiration. Mais cet émerveillement peut nous éloigner du vrai cœur de la mission de Jésus. Il nous faut aller au-delà du spectaculaire pour saisir l’essence de son message.
Le vrai émerveillement : la totale soumission de Jésus à Dieu
Le véritable objet d’admiration dans cet épisode n’est pas la guérison physique, mais l’obéissance parfaite de Jésus à la volonté du Père. Comme le souligne saint Paul : « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une croix. » (Ph 2, 8). Toute la mission de Jésus est orientée vers cette obéissance radicale, qui culminera dans le don total de sa vie pour le salut du monde.
En pardonnant les péchés du paralysé, Jésus manifeste sa totale union avec la volonté du Père, dont le désir est de réconcilier l’humanité avec lui. Ce pardon est un avant-goût de ce qui s’accomplira pleinement sur la croix, lorsque Jésus offrira sa vie pour racheter l’humanité tout entière.
L’émerveillement véritable ne se trouve pas dans ce que Jésus fait, mais dans ce qu’il est : le Fils obéissant, parfaitement uni au Père. Il nous invite à contempler son amour et sa fidélité, qui donnent sens à tout ce qu’il accomplit.
Un appel à l’émerveillement véritable
Frères et sœurs, cet Évangile nous interpelle sur notre propre regard sur Jésus. Sommes-nous fascinés par ce qu’il fait, ou émerveillés par ce qu’il est ? Il est facile de chercher en Dieu des interventions spectaculaires dans nos vies – des guérisons, des signes visibles, des solutions immédiates à nos problèmes. Mais le véritable miracle est souvent plus discret : c’est l’amour de Dieu qui pardonne nos péchés, restaure notre dignité et nous appelle à la communion avec lui.
Comme le paralysé, nous sommes tous invités à nous lever et à marcher dans cette nouvelle vie. Mais pour cela, il nous faut reconnaître Jésus non pas seulement comme un faiseur de miracles, mais comme le Sauveur venu accomplir la volonté du Père. Ce regard nouveau transforme notre émerveillement superficiel en une admiration profonde et durable, enracinée dans la foi.
Saint Augustin disait : « Aime et fais ce que tu veux. » Cet amour, pleinement incarné en Jésus, est la clé pour comprendre sa mission. Il ne cherche pas à éblouir, mais à sauver. Son obéissance à Dieu nous enseigne que la véritable grandeur ne réside pas dans le spectaculaire, mais dans la fidélité à la volonté divine.
Conclusion : Redécouvrir l’essence de la mission de Jésus
Chers amis, en ce jour, Jésus nous invite à un émerveillement renouvelé. La foule, frappée par le miracle, déclarait : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » Nous aussi, disons ces mots, mais avec un regard transfiguré : émerveillons-nous non pas seulement devant ce que Jésus fait, mais devant ce qu’il est.
Laissons-nous guider par son exemple d’obéissance et de soumission à Dieu. Demandons-lui de nous aider à voir au-delà des apparences pour contempler l’amour infini du Père qui agit à travers lui. Et comme le paralysé guéri, relevons-nous, marchons dans la lumière de cet amour, et témoignons-en à tous ceux que nous rencontrons.
