Dans ce passage évangélique, saint Jean nous introduit à la grandeur et au mystère de Jésus-Christ à travers les paroles du Précurseur : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Ce cri de Jean le Baptiste révèle l’identité profonde de Jésus et éclaire sa mission rédemptrice. En ce temps de Noël, où nous contemplons l’Incarnation, cette déclaration nous invite à redécouvrir Jésus comme l’Agneau offert pour le salut du monde.
L’Agneau de Dieu : Une figure biblique enracinée dans la tradition juive
Jean le Baptiste utilise une image qui résonne profondément dans la culture et la spiritualité juives. L’agneau évoque immédiatement le sacrifice de l’agneau pascal lors de la libération d’Israël de l’esclavage en Égypte (Ex 12). Le sang de l’agneau, appliqué sur les linteaux des maisons, protégeait les familles israélites du châtiment divin. Jésus est présenté ici comme l’accomplissement parfait de cette figure : il est l’Agneau offert une fois pour toutes pour la rédemption de l’humanité.
Le théologien Scott Hahn explique : « Le rôle de Jésus comme Agneau de Dieu ne consiste pas seulement à ôter le péché, mais à inaugurer une nouvelle Pâque, une libération définitive du péché et de la mort. » Ainsi, ce titre révèle non seulement la mission rédemptrice de Jésus, mais aussi la centralité de sa mort et de sa résurrection dans le plan salvifique de Dieu.
Dans notre méditation de Noël, cet aspect sacrificiel peut sembler détonner face à la douceur de la crèche. Pourtant, même dans l’Incarnation, la Croix est déjà présente. L’Enfant-Jésus est venu pour s’offrir en obéissance totale à la volonté du Père, inaugurant ainsi une nouvelle alliance entre Dieu et l’humanité.
« Il était avant moi » : La divinité et la préexistence de Jésus
Jean le Baptiste témoigne également de l’éternité de Jésus en affirmant : « Il était avant moi. » Cette déclaration va au-delà d’une simple chronologie. Elle exprime la nature divine de Jésus, celui qui était auprès du Père « avant la création du monde » (Jn 17, 5).
En disant cela, Jean nous invite à contempler l’Incarnation dans toute sa profondeur théologique : Jésus, le Verbe éternel, s’est fait chair pour habiter parmi nous (Jn 1, 14). Cette vérité, comme le rappelle saint Athanase, est un mystère insondable : « Le Fils de Dieu est devenu homme pour que nous puissions devenir Dieu. »
Cette reconnaissance de la divinité de Jésus nous pousse à une adoration sincère. Devant la crèche, nous ne voyons pas simplement un enfant, mais le Dieu Tout-Puissant qui s’abaisse pour nous rejoindre dans notre humanité. Noël est donc un appel à renouveler notre foi en celui qui est venu pour révéler pleinement le visage du Père.
Le baptême de Jésus : Une révélation trinitaire
Dans ce passage, Jean évoque également le baptême de Jésus dans le Jourdain : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. » Ce moment est une manifestation éclatante de la Trinité. Le Père témoigne de son Fils bien-aimé, le Fils s’abaisse dans les eaux du Jourdain, et l’Esprit descend pour consacrer sa mission.
Cette scène éclaire l’Incarnation : Jésus ne vient pas en solitaire. Toute son œuvre est animée par l’amour trinitaire. Comme le souligne le Catéchisme de l’Église catholique, « le baptême de Jésus est la manifestation de sa mission et de son être en tant que Messie » (CEC, 535).
Pour nous, ce moment est un rappel de notre propre baptême. Par le baptême, nous sommes plongés dans la vie de Dieu et appelés à marcher à la suite de Jésus, l’Agneau de Dieu. Noël, en nous rappelant la venue du Sauveur, est une invitation à renouveler notre engagement baptismal : vivre en enfants de lumière, à l’image de celui qui nous a rachetés.
Un témoignage universel : « J’ai vu et j’atteste »
Jean termine son témoignage par une affirmation forte : « J’ai vu et j’atteste qu’il est le Fils de Dieu. » Ce témoignage est un appel pour chacun de nous. À Noël, nous recevons la lumière de l’Emmanuel, mais cette lumière ne doit pas rester cachée. Nous sommes appelés à devenir, comme Jean, des témoins de Jésus-Christ dans notre monde.
Saint Jean-Paul II écrivait : « Le témoignage chrétien ne peut être réduit à un simple message ou à une doctrine ; il doit être le reflet vivant de la présence de Jésus. » (Redemptoris Missio, n° 42). En contemplant Jésus comme l’Agneau de Dieu, nous sommes invités à partager cette vérité avec tous ceux qui cherchent la paix et le salut.
Que cette méditation de Noël transforme notre émerveillement devant la crèche en un engagement profond à témoigner de l’amour de Dieu incarné en Jésus-Christ.