Le prologue de l’évangile selon saint Jean (Jn 1, 1-18) est un hymne théologique d’une profondeur incomparable. Il dévoile le mystère de l’Incarnation du Verbe, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, venu illuminer le monde. Ce texte, souvent proclamé pendant le temps liturgique de Noël, nous invite à plonger dans la contemplation du Christ, la Parole vivante, et à saisir la portée de ce don divin. En méditant sur ce passage, nous découvrons comment le mystère de Noël révèle la gloire de Dieu dans l’humilité, la lumière dans les ténèbres, et la grâce dans une humanité sauvée.
1. Le Verbe éternel, origine de toute chose
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1, 1). Ces premiers mots rappellent l’ouverture du livre de la Genèse, soulignant que le Christ est le Verbe éternel, source de la création. Avant toute existence, le Verbe était, pleinement uni à Dieu et partageant sa divinité. Cette affirmation pose les bases de la foi chrétienne : Jésus est plus qu’un homme, il est Dieu incarné.
Saint Augustin, méditant sur ce passage, écrit : « Il n’y a rien dans la création qui ne soit venu à l’existence par le Verbe ; toute la création témoigne de lui. » En Noël, nous célébrons non seulement la naissance de Jésus à Bethléem, mais également la révélation du Verbe, principe divin qui soutient et anime l’univers. Contempler l’Incarnation, c’est accueillir le mystère du Dieu Créateur entrant dans le temps et l’espace pour renouveler sa création.
2. La lumière dans les ténèbres du monde
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1, 4-5). La venue du Christ est présentée comme une lumière qui illumine un monde plongé dans les ténèbres du péché et de la mort. Cette lumière est à la fois la vie divine et la vérité qui libère l’homme. Malgré l’opposition des ténèbres, elle demeure invincible.
Le théologien Hans Urs von Balthasar souligne que « la lumière du Christ ne s’impose pas par la force, mais par l’amour et la vérité. » Noël est un moment où cette lumière pénètre nos cœurs, nous rappelant que même dans les moments de désespoir, la lumière divine nous guide et nous éclaire. Accueillir cette lumière, c’est se laisser transformer par la présence vivifiante du Christ.
3. Le Verbe fait chair : le mystère de l’Incarnation
« Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire » (Jn 1, 14). L’Incarnation est le point culminant du prologue de Jean : Dieu devient pleinement humain sans cesser d’être Dieu. Le terme « habiter » évoque l’idée de la tente dressée parmi son peuple, rappelant l’Alliance ancienne et la proximité de Dieu avec Israël. En Jésus, cette proximité atteint son sommet : Dieu se fait l’un de nous pour nous sauver.
Dans son ouvrage Jésus de Nazareth, Benoît XVI explique : « L’Incarnation est l’acte suprême de l’amour de Dieu : il entre dans l’histoire pour transformer l’homme et l’élever à sa hauteur. » Noël nous invite à contempler l’humilité du Fils de Dieu, qui prend notre condition pour nous conduire à la communion avec le Père. C’est une invitation à répondre à cet amour par la foi et l’abandon à sa volonté.
4. Grâce sur grâce : la plénitude de la révélation
« De sa plénitude, nous avons tous reçu, et grâce sur grâce » (Jn 1, 16). Ce verset met en évidence la richesse incommensurable des dons reçus par l’humanité à travers Jésus-Christ. Par sa venue, il accomplit et dépasse l’ancienne Alliance, révélant pleinement la vérité et la grâce de Dieu. Le Verbe, en se faisant chair, devient la source d’une grâce infinie, renouvelée à chaque instant.
Saint Irénée de Lyon écrit : « Par l’Incarnation, Dieu a récapitulé en lui toutes choses pour nous faire participer à sa gloire. » Noël est donc un appel à vivre dans cette plénitude, à accueillir chaque jour la grâce divine et à en témoigner dans le monde. La crèche devient un symbole de cette grâce qui se répand à travers l’humanité.
Conclusion : Noël, un mystère de lumière et de grâce
Le prologue de Jean est une clé pour comprendre le mystère de Noël. Il nous fait contempler la grandeur du Verbe, source de toute vie, et l’humilité de son incarnation. En ce temps de fête, nous sommes appelés à accueillir la lumière du Christ, à contempler sa gloire dans l’humilité de la crèche et à recevoir la grâce surabondante qu’il nous offre. Le Verbe fait chair est une invitation à une vie transformée, illuminée par la présence divine.
Que Noël soit pour chacun un moment de rencontre avec le Verbe incarné, une source de lumière dans les ténèbres et une abondance de grâce dans nos vies.