Le passage de Sophonie 3, 14-18a est une invitation joyeuse à célébrer la proximité salvifique de Dieu. Inscrit dans le contexte liturgique de l’Avent, il éclaire l’attente chrétienne par un appel à l’allégresse, la confiance et l’espérance. Sophonie, un prophète souvent méconnu, livre ici un message puissant qui résonne avec le thème central de la venue du Christ.
1. L’Invitation à l’Allégresse : Une Espérance Partagée
« Pousse des cris de joie, fille de Sion ! » (So 3, 14).
Ce cri prophétique rappelle que la joie est le fruit d’une libération spirituelle. Saint Jean-Paul II, dans Redemptor Hominis, souligne que « la joie véritable est liée à la rencontre de l’homme avec son Rédempteur. » Ici, Sophonie exhorte Jérusalem à célébrer, non pas pour des victoires humaines, mais pour l’intervention salvifique de Dieu.
Le temps de l’Avent, marqué par l’attente du Messie, résonne avec cette allégresse. Loin d’être un simple sentiment passager, cette joie est enracinée dans la promesse divine : le Seigneur habite au milieu de son peuple, dissipant toute crainte et transformant les ténèbres en lumière.
2. « Dieu au Milieu de Toi » : La Présence Transformante de Dieu
« Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi, un héros qui sauve. » (So 3, 17).
Sophonie souligne la présence intime de Dieu parmi son peuple, un thème repris par l’Évangile de Jean : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » (Jn 1, 14). Cette habitation divine, manifestée pleinement en Jésus-Christ, est le cœur même de l’Avent.
Saint Augustin, dans ses Confessions, évoque cette proximité : « Tu étais plus intime à moi que moi-même. » La promesse de Sophonie anticipe l’Incarnation, où Dieu, en devenant homme, partage les joies et les souffrances de l’humanité. Cette réalité transforme la vie du croyant, l’appelant à une confiance totale en Celui qui sauve.
3. La Fin de l’Opprobre : Une Restauration de la Dignité
« Il ne gardera pas rancune contre toi. » (So 3, 15).
Le prophète annonce une restauration totale : le retrait des jugements et des opprobres. Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme théologique, explique que « le pardon de Dieu restaure l’homme dans sa dignité première. » Ce pardon est une anticipation de l’œuvre rédemptrice de Jésus, qui efface le péché et rétablit la communion entre Dieu et l’humanité.
Dans le cadre de l’Avent, cette promesse invite à une démarche de conversion. La confession sacramentelle, par laquelle le croyant reçoit la miséricorde divine, devient un acte concret de préparation pour accueillir le Christ avec un cœur pur.
4. La Joie comme Réponse à la Promesse
« Il dansera pour toi avec des cris de joie. » (So 3, 17).
Cette image saisissante d’un Dieu dansant pour son peuple révèle l’intensité de l’amour divin. Le Père Henri de Lubac, théologien influent du XXe siècle, décrit cet amour comme « un mouvement d’abaissement et d’exaltation, où Dieu se donne pleinement à l’homme. » L’Avent, par son appel à la vigilance et à l’espérance, prépare le cœur à recevoir cet amour dans toute sa plénitude.
Cette danse divine n’est pas une abstraction. Elle se manifeste dans les événements de la vie quotidienne : une prière exaucée, un acte de charité, un pardon accordé. L’Avent devient ainsi un temps propice pour reconnaître et célébrer les signes de la présence aimante de Dieu.
Conclusion : Une Invitation à la Confiance et à la Joie
Sophonie 3, 14-18a est un hymne à la joie et à la confiance, un appel à se réjouir de la proximité de Dieu. Pendant l’Avent, ce message éclaire le cheminement spirituel du chrétien : préparer son cœur à accueillir le Christ, reconnaître la présence aimante de Dieu et répondre à son amour par la joie et l’espérance.
Ainsi, ce passage prophétique nous rappelle que l’Avent n’est pas seulement une attente, mais une célébration anticipée de la fidélité de Dieu, un temps où l’humanité est invitée à chanter, danser et espérer dans la lumière du Sauveur à venir.