Le passage de Matthieu 11, 16-19 invite les croyants à une profonde réflexion sur leur capacité à discerner la présence et les œuvres de Dieu dans leur quotidien. Ce texte, riche en symbolisme, résonne particulièrement durant l’Avent, période de préparation à la venue du Seigneur. À travers des exemples tirés de la vie de Jean-Baptiste et de Jésus, l’Évangile interpelle sur les attitudes de fermeture et de jugement qui empêchent de voir et de recevoir la lumière divine. Dans cet article, nous approfondirons quatre axes majeurs de ce texte, en nous appuyant sur la tradition catholique et les enseignements bibliques.
1. Une génération aveugle : la difficulté de reconnaître Dieu
Dans Matthieu 11, 16, Jésus compare sa génération à des enfants indécis, incapables de répondre aux appels de la vie ou de la fête. « À qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble à des enfants assis sur les places, qui interpellent leurs camarades. » Cette image souligne un cœur fermé, incapable de discerner la grâce offerte par Dieu, que ce soit dans la rigueur prophétique de Jean-Baptiste ou dans la proximité miséricordieuse de Jésus.
Saint Jean Chrysostome commente : « Le cœur qui juge selon les apparences est aveugle à la profondeur des mystères divins. » Ce message nous interpelle en Avent : sommes-nous ouverts à la voix de Dieu qui parle à travers des moyens simples et inattendus, ou restons-nous figés dans nos attentes préconçues ?
2. Jean-Baptiste et Jésus : deux styles, une même mission
Jésus met en évidence les critiques contradictoires que les gens adressent à Jean-Baptiste et à lui-même. Jean, ascète vivant dans le désert, est rejeté pour son austérité ; Jésus, qui mange et boit avec les pécheurs, est accusé d’être un glouton et un ivrogne. « Car Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : ‘Il a un démon !’ Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent : ‘Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.' » (Mt 11, 18-19).
Cette opposition illustre la difficulté de reconnaître l’action divine sous des formes variées. Comme l’écrit le théologien Joseph Ratzinger (Benoît XVI), « Dieu s’approche des hommes à travers une pluralité de visages. Celui qui se laisse guider par ses préjugés manque cette richesse. » L’Avent nous invite à accueillir la diversité des moyens par lesquels Dieu se manifeste dans nos vies, à l’image de Jean-Baptiste préparant la voie et de Jésus incarnant la proximité divine.
3. La sagesse de Dieu se manifeste dans ses œuvres
Dans la conclusion du passage, Jésus déclare : « Mais la sagesse a été reconnue juste à travers ses œuvres. » (Mt 11, 19). Ce verset nous rappelle que les fruits des actions divines témoignent de leur authenticité. Les critiques adressées à Jean et à Jésus ne peuvent pas masquer l’évidence : les cœurs sont transformés, la miséricorde est répandue, et le salut se rapproche.
Saint Augustin affirme : « Ce n’est pas par des discours que la vérité triomphe, mais par la force des œuvres accomplies dans la charité. » Cette vérité est une invitation à l’examen de conscience en Avent : les fruits de nos propres vies témoignent-ils de notre marche avec le Seigneur ?
4. Une invitation à dépasser nos résistances spirituelles
Le temps de l’Avent est une période privilégiée pour reconnaître et surmonter les résistances qui nous empêchent d’accueillir pleinement le Christ. Les attitudes d’hostilité ou de méfiance à l’égard de Jean-Baptiste et de Jésus sont le reflet de barrières spirituelles que chacun peut porter.
Henri Nouwen écrit : « Le Seigneur ne force jamais son chemin dans nos cœurs ; il attend patiemment que nous ouvrions la porte. » En Avent, il nous appartient de discerner les zones d’ombre où nos jugements, nos peurs ou notre indifférence bloquent la lumière du Christ. Seule une ouverture sincère permet d’expérimenter la joie profonde que promet la venue de l’Emmanuel.
Conclusion : Vivre l’Avent comme un temps d’ouverture et de discernement
Le message central de Matthieu 11, 16-19 nous invite à une introspection salutaire en ce temps de l’Avent. À travers l’exemple de Jean-Baptiste et de Jésus, l’Évangile nous appelle à dépasser nos jugements superficiels pour accueillir la sagesse divine. Ce chemin d’ouverture exige humilité et discernement, mais il nous prépare à recevoir pleinement la lumière de Noël.
Que cette période nous inspire à rechercher non seulement la présence de Dieu dans nos vies, mais aussi à nous laisser transformer par ses œuvres. Car, comme l’affirme Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. » (Is 40, 3). Cette préparation commence dans nos cœurs, là où le Christ veut naître pour illuminer le monde.